Donald Trump doit annoncer ce jeudi 1er juin 2017, à 15 h aux Etats-Unis, 21 h à Paris, sa décision sur le retrait effectif, ou pas, des Etats-Unis de l’accord de Paris sur le climat. Dans les couloirs de l’Organisation des Nations unies (ONU), qui a négocié cet accord international pour lutter contre le changement climatique, on ne cache pas son inquiétude. Au sein de l’Union européenne, aux Etats-Unis et même au Vatican, on s’est aussi mobilisé pour convaincre le président américain.
Avec nos correspondants à New York, Marie Bourreau et Grégoire Pourtier
L’annonce américaine n’est plus qu’une question d’heure et, même si beaucoup de diplomates soulignent l’imprévisibilité du président Trump, ils se disent aussi réalistes sur le très probable retrait des Etats-Unis de l’accord de Paris.
« Ce serait une décision arrogante », assure l’un d’eux qui estime que cela nuirait à Washington qui perdrait de nombreux soutiens. L’ambassadeur suédois qui siège au Conseil de sécurité de l’ONU comme membre non-permanent estime, quant à lui, que cela serait une déception mais pas une surprise, après l’appel lancé par les nations européennes, au sommet du G7, aux Américains, un appel à rester dans l’accord qui n’a visiblement pas été entendu. En effet, à Bruxelles, puis au G7 en Italie, les dirigeants occidentaux ont tous plaidé récemment pour que Donald Trump ne retire pas son pays de l’accord de Paris. Au Vatican, le pape a offert au président des Etats-Unis son encyclique sur le changement climatique.
Pas de nouvelles de l’administration Trump
Du côté des hauts responsables de l’ONU, on assure ne pas avoir de nouvelles de l’administration Trump au lendemain d’un vrai plaidoyer du secrétaire général des Nations Unies en faveur de l’accord. Stéphane Dujarric, porte-parole de l’organisation, confirme : « Il n’y a eu aucune communication officielle des Etats-Unis vers les Nations unies à ce sujet. Je crois que le secrétaire général a été très clair dans son discours, hier [mercredi 31 mai, NDLR], du besoin, de l’importance de tous les pays de soutenir l’action contre le changement climatique ». Et l’ONU a envoyé régulièrement des messages sans équivoques au président Trump.
Plusieurs multinationales américaines, comme Apple, Wallmart ou même le pétrolier Exxon, ont expliqué au président leur intérêt à ce que soit respecté l’engagement pris par Barack Obama. Quarante sénateurs démocrates s’inquiètent aussi dans une lettre de la perte de crédibilité et d’influence pour le pays en cas de retrait d’un texte approuvé partout dans le monde. Enfin, même sa fille, Ivanka, l’enjoint de ne pas prendre une décision radicale et irréversible.
Les trois options du président
Mais Donald Trump réfléchit toujours. Il a trois options : Il peut invoquer l’article 28 de l’accord de Paris pour en sortir, mais à cause de la procédure prévue, cette sortie ne serait effective qu’en 2020, c’est-à-dire à la fin de sa présidence. Autre possibilité : dénoncer la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques dont l’accord de Paris est issu ; dans ce cas ça ne prendrait qu’un an pour en sortir mais Donald Trump devrait passer devant le Congrès américain où il risque de rencontrer une forte opposition.
Enfin, certains responsables de son administration parlent de rester dans l’accord tout en réévaluant les objectifs américains de réduction des émissions de gaz à effet de serre fixés par Barack Obama. Ce qui permettrait de rester dans les négociations tout en lançant en interne un message de rupture avec l’ère Obama
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