Une députée de la majorité qui a appelé à un vote à bulletin secret contre le chef de l’Etat sud-africain a reçu des menaces de mort. Une nouvelle motion de défiance contre le président Jacob Zuma est prévue le 8 août au Parlement. L’opposition a demandé que le vote soit à bulletin secret pour protéger les membres de l’Assemblée, notamment ceux de l’ANC, le parti président, qui voudraient voter en faveur de cette motion.
Ce n’est pas la première fois que Makhosi Khoza reçoit des messages d’intimidation. Depuis un an, cette députée ANC (Congrès national africain, au pouvoir) dénonce la corruption au sein de son parti et du gouvernement. Mais ces dernières semaines, les menaces contre elle se sont intensifiées, depuis que cette critique du président Jacob Zuma s’est prononcée en faveur d’un vote de défiance à bulletin secret.
Makhosi Khoza s’est justifiée en expliquant que les députés pourraient ainsi s’exprimer librement sans crainte de représailles.
Depuis, la Ligue des jeunes de l’ANC a manifesté devant son domicile ; certains hauts cadres du parti ont appelé à ce qu’elle soit disciplinée. Et il y a quelques jours, elle a reçu des menaces de mort sur sa page Facebook. Des menaces qui ont été retracées jusqu’à un petit groupe militant qui dernièrement s’en est pris à des journalistes dénonçant la corruption.
Makhosi Khoza affirme avoir écrit à plusieurs reprises à la présidente de l’Assemblée nationale pour demander plus de protection, mais sans réponse. Lundi, société civile et partis d’opposition ont dénoncé le manque de réaction de la police et des autorités. Le ministre de la Police – celui-là même qui a appelé à ce qu’elle soit disciplinée – a fait savoir qu’une enquête a été ouverte.
L’opposition favorable à un vote secret
Les neuf partis d’opposition sont favorables au vote à bulletin secret. « Nous avons besoin d’un vote à bulletin secret pour que tous les députés puissent exercer les fonctions pour lesquelles ils ont prêté serment sans obstruction et être loyal à la Constitution et au peuple sud-africain », estime Mosiuoa Lekota, leader d’un petit parti d’opposition.
Pour Athol Trollip, de l’Alliance démocratique, le principal parti d’opposition, le vote secret est une solution de dernier recours. « Le problème, c’est que c’est la énième fois qu’il va y avoir un vote de défiance où les gens sont forcés de voter pour quelqu’un en qui ils ont perdu toute confiance. Les membres de l’ANC ont perdu confiance en leur président. Et c’est l’opportunité de rectifier cela. Et de faire ce qui est bon pour le pays. »
L’opposition, qui représente un peu moins de 40% des députés au Parlement, espère ainsi pouvoir retourner certains membres de l’ANC. Mais le chef de file de la majorité au Parlement affirme que vote secret ou non, les députés ANC resteront fidèles au chef de l’Etat. L’opposition a mis en garde : si la présidente de l’Assemblée refuse de leur accorder un vote à bulletin secret, ils saisiront la justice.