Camaïeu : Camaïeu, le géant du textile du nord de la France, a été placé en liquidation judiciaire fin septembre 2022. 2 600 emplois ont été supprimés et 500 boutiques ont fermé. Après une première vente aux enchères des stocks, ce mercredi 7 novembre, ce sont les actifs immatériels de la marque qui ont été vendus aux enchères. Si la fermeture de l’enseigne a de graves conséquences sur l’emploi en France, elle en a également sur l’ensemble de la filière et notamment toute la chaîne manufacturière au Maroc, qui était un grand fournisseur de la marque.
L’annonce de la liquidation judiciaire est la douche froide pour Si Mohamed Boubouh, grand industriel de Tanger à la tête de Vita Couture.
« Nous n’avons pas de fonds de roulement pour acheter de tissu et tout ça, ça impacte directement sur les chaînes de couture. Avant, on avait 800 personnes et maintenant, on se retrouve pratiquement avec un peu plus que la moitié, dans les 460. Camaïeu représentait avant à peu près entre 38 jusqu’à 40% de ma capacité. Donc, c’était vraiment un client important pour nous. »
Un coup d’autant plus dur que l’entreprise de Si Mohamed Boubou ne faisait pas de la simple sous-traitance pour Camaïeu : « Plus que ça, c’est que nous avons travaillé avec Camaïeu en produit fini. C’est-à-dire que nous achetons du tissu, on fait la coupe, la confection et tout et la livraison du produit fini jusqu’en France. Et là, vous pouvez imaginer que le coût est vraiment supérieur à la sous-traitance. Et là, bien sûr, l’ardoise était beaucoup plus douloureuse que si jamais on travaille en sous-traitance. Et le problème majeur que nous avons eu, c’est que nous avons fait confiance parce qu’ils ont promis une chose, et puis après, on se retrouve vraiment avec aucune garantie et pratiquement 2 millions d’euros suspendus ».
Plus de 500 emplois supprimés
Des stocks sur les bras, des frais de douanes en attente, pas de fonds de roulement pour honorer de nouvelles commandes… Face à la liquidation judiciaire de Camaïeu, les défis sont grands pour les industries du textile au Maroc. Ismail Lemtouni d’Imprima Platform Morocco fait le bilan.
« On essaie de s’en sortir tant bien que mal. Cette fermeture nous a laissés avec des impayés et un stock marchandise qu’on n’a pas pu exporter et qui s’élève à un peu plus de 2 millions d’euros. Mais mis à part cela, si vous voulez le business avec Camaïeu représentait plus ou moins 7 à 8 millions d’euros par an, ce qui représente en termes d’emploi dans les 500 à 600 emplois dont on a dû se séparer. Donc, vous pouvez imaginer que ça n’a pas été évident. »
Pour Ismail Lemtouni, la marge de manœuvre est serrée… « Si on veut aller de l’avant et qu’on veut continuer, il faut absolument remplacer ce chiffre d’affaires. Moi, je me dis qu’on doit le remplacer dans les 2-3 mois à venir, sinon on risque de licencier bien plus de personnes que ce que l’on imaginait. »
Aujourd’hui, c’est un goût d’amertume qui prédomine du côté de ces professionnels du secteur. Ils n’attendent que peu de choses des actions en justice.