Benin : Émotion, incompréhension et révolte après le décès vendredi de quatre patients au service réanimation du Centre national hospitalier universitaire (CNHU) de Cotonou à la suite d’une coupure d’électricité. Les parents des victimes sont formels : c’est la coupure qui a tué leurs proches. Le ministre de la Santé a reconnu, lui, un dysfonctionnement. En attendant les résultats de l’enquête ouverte par le gouvernement, l’affaire fait grand bruit.
Grosse gêne sur le visage de plusieurs salariés du CNHU ce lundi, leur établissement est dans la tourmente. Le personnel ne souhaite pas s’exprimer. Un technicien de surface rencontré dans la cour explique : « nous sommes dans la stupéfaction, le recueillement et l’acceptation de la nouvelle ».
Parmi les victimes, il y a Lydia, 39 ans, professeur de français. Son père était à son chevet, il a raconté ce qui est arrivé avec dignité sur une radio locale. Son récit fait le tour. De nombreux internautes ont salué son courage. Son domicile à Calavi ne désemplit pas. « La famille m’entoure, les amis me soutiennent et de nombreux anonymes m’inondent de messages de réconfort », confie le père de Lydia. Lydia sera inhumé samedi prochain, le faire part est prêt. « Son corps ne peut pas trainer après une telle épreuve », explique un sage.
Les autres familles éplorées sont aussi sous le choc. « Drame affreux et inacceptable », c’est la tonalité générale sur les réseaux sociaux et dans certains médias. Beaucoup demandent à Patrice Talon de sanctionner toute la chaîne de responsabilité. « Il est temps que nous réapprenions à demander des comptes pour nos morts », écrit l’éditorialiste du Déchaîné Du Jeudi.
Le point sur l’enquête
Les enquêteurs ont circonscrit dans un premier temps leur travail autour de la chaine de l’électricité. Selon nos informations, 4 personnes ont été placées en garde à vue lundi soir par la brigade criminelle. Il s’agit de deux fonctionnaires de la division électricité de l’hôpital et deux agents d’une société prestataire dans le même secteur. Les enquêteurs ont relevé des dysfonctionnements dans les tâches qu’ils devraient accomplir en cas de coupure d’électricité.
Après ce volet technique du dossier, la police va s’intéresser maintenant aux gestionnaires de l’hôpital et au corps médical. Le directeur général du CNHU et le chef service réanimation seront entendus ce mardi par la brigade criminelle, renseigne une source bien informée. Les auditions devraient s’étendre à tous les agents de garde cette nuit-là.
Patrice Talon a également ordonné une autre enquête à l’autorité de régulation du secteur de la santé. Les familles des 4 victimes et l’opinion publique espèrent des conclusions rapides de ces deux enquêtes pour savoir ce qui s’est passé et qui sont les responsables.