Cancer : Les saignements vaginaux après les rapports sexuels et/ou en dehors des menstruations, des douleurs lors des rapports sexuels, des pertes vaginales, des douleurs au bas du ventre, des douleurs lombaires sont les signes précurseurs du Cancer du col de l’utérus. Ces symptômes renseignent chez la femme la possibilité de présence d’une pathologie. Mais il faut aller en consultation chez un spécialiste pour avoir le cœur net. Au Sénégal et presque partout dans le monde, le mois d’octobre est consacré à la sensibilisation et à la lutte contre les cancers féminins. Cela à travers Octobre rose. Dans ce sillage, nous faisons focus sur les causes, les facteurs favorisants, les symptômes de cette maladie sournoise et fatale aux femmes. Quand des femmes victimes du cancer du col de l’utérus se livrent aux témoignages à nos confrères du journal l’As, les récits sont glaçants…
« L’annonce du médecin m’a assommé »
Hôpital Dalal Jam. Des femmes en attente forment une longue queue. Deux sentiments se lisent à travers leurs visages : la tristesse et la peur. Parmi ces femmes, Mame Coumba âgée de 47ans. Informaticienne de profession, elle se confesse sans détours. Sa voix, transperce de remords. Sa présence sur les lieux se justifie par une attente d’une radiothérapie. Ayant découvert sa maladie par pur hasard à l’occasion d’une visite annuelle médicale organisée par son entreprise, la terre s’est dérobée sous ses pieds. Et dire qu’elle avait au préalable des ressentis. Quelque chose n’allait pas en elle. Mais quoi au juste ? C’est ce que cette analyse a révélé tel un couperet, au moment où elle s’y attendait le moins. « J’ai commencé à avoir des saignements en dehors des règles mais je pensais que c’était un fibrome. Pendant la visite médicale, on m’a demandé de revenir car il y avait un problème, je ne pensais pas au cancer ». Pourtant, le Jeudi 8 novembre 2021, Mame Coumba est retournée pour prendre ses résultats. Ce jour-là, raconte-t-elle avec amertume, le ciel lui est tombé sur la tête et le sol s’est dérobé sous ses pieds en entendant le vocable cancer de la bouche du médecin. « CANCER, Horreur, peur, stupéfaction, je ne veux pas mourir ». Les mots et expressions se sont entremêlés dans son esprit. Elle était tout simplement submergée. « Depuis lors, j’ai dépensé plus de deux millions pour les analyses, des traitements. Là, je suis en train de faire de la radiothérapie, c’est dur et je perds espoir de plus en plus. Je pense à mes enfants. Vous avez vu, je n’ai pas encore 50 ans alors que j’ai l’air de quelqu’un qui a 70 ans. C’est une maladie coûteuse et douloureuse. On ne la souhaite même pas à son pire ennemi » dit-elle avec un ton larmoyant.
« J’ai dépensé 3 millions sans voir le bout du tunnel »
Fatou Cissé ménagère de son état habite Touba. Plus jeune que Mame Coumba (43 ans), elle nous raconte comment elle a su qu’elle était atteinte de cancer. Elle a eu deux avortements. Ses deux enfants sont décédés. « J’avais des douleurs atroces au bas ventre pendant l’évacuation des urines. Après avoir pissé aussi je remarquais ces douleurs. Je pensais que c’est de l’infection comme mon mari est polygame mais cela persistait. Le même scénario se dessinait pendant les rapports sexuels, j’avais des douleurs et je saignais beaucoup » rapporte-t-elle. En consultation, les praticiens ont détecté la maladie. Cela remonte à un an et demi. Fatou souffre aussi du coût exorbitant de la prise en charge de la maladie. Son mari a déjà dépensé presque 3 millions alors que le traitement est encore en cours. Ce dernier le soutient sur tous les plans.
« Je n’ai jamais entendu parler du cancer jusqu’au moment où… »
Mame Daba Sèye, 78 ans, est tombée des nues. Elle ne savait même pas ce que voulait dire le cancer. Un jour, elle avait des vertiges et, elle est tombée en syncope. « Je saignais par la suite et je me disais comment cela se fait que j’ai fait la ménopause depuis longtemps que je vois encore du sang. Je suis allée en consultation et on m’a annoncé que c’était le cancer, je ne savais même pas ce que cela voulait dire » confesse-t-elle. Sa fille aînée se portera volontaire pour s’occuper de sa mère. Un malheur ne venant jamais seul, elle chope le cancer de la gorge à son tour. Son mari l’abandonne, elle meurt quelque temps après. Sa fille qui est à l’étranger prend le relais mais pour les coûts des soins. Aujourd’hui, Mame Daba a dépensé 10 millions. « Je ne me rappelle plus de l’année où j’ai découvert la maladie mais c’était avant l’arrivée au pouvoir du Président Macky Sall. J’étais suivie à Dantec et lorsqu’il est fermé, je suis transférée à Dalal Jam», narre-t-elle.
Ma sœur ne répondait à aucun des traitements
Devant la fatalité, certaines sont plus chanceuses que les autres. Si ces deux femmes ont eu la chance de vivre, la mésaventure de Ndèye Sokhna sera racontée par sa grande sœur. Elle est décédée il y a juste un mois. Sa grande sœur raconte que son médecin traitant lui avait confié que son corps ne répondait à aucun des traitements. « Ma petite sœur qui avait 35 ans est décédée il y a quelques jours du cancer du col de l’utérus. Elle a laissé ici deux enfants de moins de 6 ans. Une fille et un garçon. Elle a découvert sa maladie après son accouchement, elle commençait à avoir des douleurs en pissant, mais aussi des douleurs lombaires. Après une consultation, on a découvert que c’était le cancer du col de l’utérus. Son médecin nous a dit que son corps ne répondait à aucun traitement, qu’elle avait un cancer agressif. Finalement, elle est décédée. Nous avons dépensé plus de 3,5 millions pour le traitement mais cela n’a pas abouti » sanglote-t-elle.
« La procédure pour diagnostiquer la maladie est très longue, parfois le malade décède avant de connaître des résultats des examens»
Le calvaire des femmes est réel. Certaines décèdent même sans connaître leur statut. La procédure est longue pour mettre en évidence la maladie. « Parfois certains traitent des infections » confie une spécialiste. La biopsie qu’on prescrit aux femmes peut durer 6 mois. Parfois avant la sortie des résultats, le malade meurt. Les structures sanitaires perdent beaucoup de malades du fait d’un manque de soutien psycho-social. Beaucoup d’entre elles sont abandonnées par leur mari, confie toujours la source. Qui ajoute que la liste d’attente est longue dans le public et cela pose énormément de problèmes. Ceux qui ont les moyens vont dans le privé et c’est excessivement cher.