Le chef rebelle du MFDC le plus redouté et le plus recherché, Salif Sadio a, à nouveau brisé le silence. Le chef de guerre a tancé les autres chefs rebelles, «renié» son amitié avec l’ex-président gambien Yahya Jammeh même s’il se dit ouvert au dialogue.
«Quelqu’un qui est né en 1955 de l’autre côté et qui a abandonné l’école très tôt ; qui a sacrifié toute ma vie, sans rien réaliser, ni se marier, ne peut pas refuser le dialogue», à déclaré Salif Sadio sur les ondes de la radio Ziguinchor FM.
Le chef rebelle brise le silence ! Dans une interview accordée à la radio prive Ziguinchor FM basée à Ziguinchor, Salif Sadio qui se dit ouvert au dialogue, charge certains de ses camarades rebelles qu’ils accuse de «corrompus» avant de préciser que la chute de l’ex-président gambien Yahya Jammeh affaiblit plus le Sénégal que son mouvement.
Selon lui, le MFDC (Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance) n’est pas concerné par la crise gambienne. Le sourire aux lèvres, il déclare : «je le répète encore: une affaire gambienne ne nous concerne pas. Nous ne sommes pas en Gambie, ça ne nous concerne pas. Nous sommes en Casamance avec nos bases. Donc, cette affaire ne nous concerne pas. Ce n’est pas notre problème (…)», a martelé le chef rebelle qui prend le contre-pied de ceux qui pensent que la chute de Jammeh affaiblit le mouvement irrédentiste.
«Jammeh est un ami du Sénégal»
Pour Salif Sadio, «le départ de Yaya Jammeh a plutôt affaibli le Sénégal que le MFDC. Jammeh, c’est un ami du Sénégal, il avait même juré d’aider le Sénégal dans la résolution du conflit. Pour preuve, c’est lui qui avait joué les médiateurs dans la libération de prisonniers militaires sénégalais». «A qui profitait alors cette libération ?», s’interroge-t-il dans un ton sec avant de rappeler «qu’après la libération de ces prisonniers, huit ministres sénégalais sont allés remercier Yaya Jammeh». Ce qui, à ses yeux, confirme l’amitié de Jammeh avec le Sénégal.
Le Sénégal qui peut encore compter sur les bonnes dispositions du chef rebelle qui estime que la main tendue du MFDC est toujours de vigueur, même s’il déclare : «c’est plutôt le MFDC qui tend la main au gouvernement Sénégal et non le contraire». «Je n’ai pas encore déclaré le cessez le feu unilatéral que nous observons jusqu’à présent, je ne l’ai pas non plus levé (…)», dira-t-il.
D’ailleurs, sur le processus de paix en Casamance le chef rebelle est d’avis qu’il est certes ralenti mais il n’est pas question de parler de blocage car selon lui, la machine de médiation avec Saint Egidio est toujours en branle. «Les choses ne s’accélèrent pas. Pour preuve la communauté Saint Egidio était récemment venue nous voir pour les modalités de notre déplacement à Rome. C’est vrai qu’en Gambie, nous n’avons pas encore de contacts avec ces nouvelles autorités mais on espère que les choses vont avancer. L’ancien président gambien Yahya Jammeh nous avait permis de passer par la Gambie pour rallier Rome (…)», a martelé le chef rebelle qui n’a pas voulu se prononcer sur la teneur des discussions avec la communauté Saint Egido.
«Un autre MFDC est créé autour du vrai MFDC»
Toutefois, il reconnait qu’il y’a des points d’accord comme la cessation des violations, la libre circulation des personnes en Casamance. «Un autre Mfdc est créé autour du vrai MFDC», peste Salif Sadio qui accuse certains de ses camarades chefs rebelles qui seraient «corrompus» avant de balayer tout rapprochement entre les chefs rebelles. «Il n’y a jamais eu rapprochement de chefs rebelles et pour confirmer, je dis que c’est une récréation dans laquelle on veut nous plonger pour faire perdre notre temps. Ceux-là savent bien que nous n’avons pas la même option. Eux, ils ont opté pour aller s’allier à «l’ennemi» à cause de l’argent. Nous n’avons pas la même option (…)», lâche le chef rebelle qui semble expliquer sa position et son option, par son âge et sa longue durée au maquis.
«Regardez, à mon âge, quelqu’un qui est né en 1955 de l’autre côté et qui a abandonné l’école très tôt ; qui a sacrifié toute ma vie ….je suis resté tout ce temps-là sans rien réaliser ; je ne me suis pas marié ; ce n’est pas à celui-là qu’on va renoncer à son option (…)», a déclaré Salif Sadio qui rompt le silence trois ans après sa dernière sortie en 2014.
Ignace Ndeye (SudFM)