France : Le processus de restitution du tambour parleur du peuple Atchan continue d’avancer. Cet objet imposant de plus de 400 kilos permettait aux peuples de la région d’Abidjan, en Côte d’Ivoire, de communiquer. Il fut pillé par les Français en 1916. Avant son retour, il a été restauré. Et ce mardi 27 décembre, c’était la phase de l’encaissement, une étape cruciale pour le protéger avant son retour au pays.
Le Djidji Ayôkwé, comme on l’appelle, avait rejoint les réserves du Musée du quai Branly, à Paris. Le gouvernement s’est engagé l’an dernier à le rendre à la Côte d’Ivoire, mais d’abord, son encaissement a eu lieu dans les locaux de l’entreprise Aïnu à Aubervilliers, près de Paris. Il faut savoir que l’encaissement, ce n’est pas simplement mettre un objet dans une boîte. Le tambour parleur mesure 3,31 mètres, pèse près de 430 kilos et représente une valeur patrimoniale inestimable. Un socle en acier-inox, ainsi que deux grandes caisses en pin, ont été fabriqués pour le ramener jusqu’au quai Branly, puis en Côte d’Ivoire.
Nathalie Richard est la responsable du pôle conservation-restauration du Musée : « L’encaissement, c’est l’ultime étape de protection, c’est le moment où on place l’objet dans une caisse qui a été préalablement conçue et on cale l’objet de manière à ce qu’il ne puisse plus bouger dans sa caisse. Les caisses sont conçues de manière à ce qu’elles soient isothermes, c’est-à-dire qu’elles ne subissent pas l’impact des changements climatiques, car les matériaux y sont sensibles. On bloque l’objet dans la caisse et on le met dans une seconde caisse extérieure. On a donc un double encaissement pour une protection maximum. »
Pour Nathalie Richard, c’est un processus rigoureux car les matériaux doivent pouvoir résister à différents poids, tensions et manipulations : « L’objet et son socle sont très lourds et atteignent un poids qui avoisine les 700-800 kilos, donc la caisse doit être conçue de manière à pouvoir être portée et manipulée en résistant à ces pressions. C’est une protection hyper rapprochée et c’est du sur mesure. »
Protéger le tambour parleur des multiples chocs avant son retour définitif
Malgré sa taille, le Djidji Ayôkwé reste en bois, et sa fragilité l’expose à de multiples dangers. Du papier, des mousses et des joints spéciaux ont été ajoutés. Rien ne doit être laissé au hasard. Le tambour doit être protégé physiquement des impacts mais avoir également une protection thermique, puisque le bois est sensible aux variations de température et à l’humidité, rappelle Nathalie Richard.
L’encaissement a duré quatre heures au total. Le tambour désormais protégé a été ramené dans les réserves du quai Branly. Il n’y plus qu’à attendre le vote d’une loi qui permettra, à terme, son retour définitif en Côte d’Ivoire.