En Gambie, cela fait plus de 15 ans que les habitants de Bakoteh et Manjai, des quartiers aux environs de Banjul, dénoncent les conditions sanitaires dans lesquelles sont entreposés les déchets de leur décharge. La zone de 18 hectares s’étend au pied de leur maison, juste à côté d’une école et d’un centre pour enfant. Il y a 4 mois, les jeunes des quartiers environnants ont décidé de prendre les choses en main, en empêchant tout dépôt d’ordure sur le site. Résultat : la décharge est depuis fermée. Mais dimanche 9 juillet, le gouvernement a envoyé l’unité d’intervention de la police sur place. Quelques échauffourées ont eu lieu, deux personnes ont été arrêtées puis relâchées, et les forces de l’ordre ont utilisé des gaz lacrymogènes. La décharge est rouverte, mais cela ne change rien à la détermination des habitants.
Après la manifestation mouvementée de dimanche 9 juillet, une centaine de personnes ont discuté plusieurs heures dans une cour avec des représentants politiques. Kemo fait partie des jeunes du quartier qui se mobilisent depuis quatre mois pour empêcher tout nouveau dépôt dans la décharge. « Ceux qui fouillent dans les ordures les brûlent pour essayer de récupérer les métaux et ça provoque de grosses fumées qu’on reçoit. Et on a aussi beaucoup de mouches et des odeurs terribles, qui sont insupportables », explique-t-il.
Sont amoncelés, pêle-mêle, les déchets organiques, les pneus, les métaux, le tout formant une étendue grisâtre. Ida pensait qu’avec le changement de gouvernement, la situation allait s’améliorer. « Je me bats depuis 18 ans pour ça. Et on a toujours reçu pleins de promesses non tenues. C’est pourquoi on a décidé de voter contre Yahya Jammeh. Le nouveau président nous a dit que la décharge était la priorité du gouvernement, mais je ne crois pas que ce soit leur priorité. S’ils ne peuvent pas la déplacer, il faut qu’ils la gèrent beaucoup mieux », déplore la jeune femme.
Pour le maire de la municipalité, Yankuba Colley, il n’y a pour l’instant par le choix, la décharge doit rouvrir. « Si on ferme le site, il faut pouvoir décharger quelque part d’autre. Et on n’a pas d’autre endroit, sauf si le gouvernement identifie un endroit. Et mieux traiter les déchets, cela demande beaucoup d’argent. Nous n’avons pas cette capacité », affirme l’édile.
La municipalité devient désormais la cible du mécontentement des habitants. Samedi, des activistes ont déversé une benne de déchets devant ses bureaux pour protester contre sa gestion du dossier.