Alors que le Conseil de sécurité des Nations unies a voté lundi 2 octobre une résolution pour que le Kenya dirige une force internationale en Haïti, des organisations de la société civile s’inquiètent s’inquiètent des capacités de la police kényane à respecter les droits de l’homme. Car la police kényane a été accusée à de nombreuses reprises d’« abus et violations ». Cela alors que Haïti est déjà confronté à la violence des gangs criminels.
« L’histoire des abus et violations de la police kényane est longue », se désole Martin Mavenjina, de la Commission kényane des droits de l’Homme. Les premiers scandales sortent en 2008 à l’issue d’une élection présidentielle contestée, avec des rapports qui démontrent alors le rôle actif de la police dans les violences de la crise postélectorale.
L’État engage donc une réforme drastique : 15 ans plus tard et malgré 81 milliards de shillings (soit 520 millions d’euros) dépensés dans ce chantier, les résultats sont nuls. D’après Transparency international, les Kenyans paient en moyenne à la police 16 pots de vin par mois.
Dans son dernier rapport, publié en septembre, l’ONG Acled pointe du doigt un usage excessif de la violence par les forces de police. Elle note l’utilisation de gaz lacrymogènes et de balles réelles dans la répression des manifestations de l’opposition ces six derniers mois. Le bilan s’élève à une cinquantaine de victimes et une centaine de blessés.
Même les gardes fous instaurés pour permettre un contrôle sont inefficaces : l’Agence indépendante de surveillance de la police n’a obtenu que 12 condamnations dans des affaires de violences policières, après avoir déposé près de 20 000 plaintes entre 2012 et 2021.
Ces organisations demandent donc aux Nations unies un mandat précis pour encadrer les policiers kényans. La résolution votée lundi stipule seulement que la mission pourra employer des « mesures d’urgence » temporaires et proportionnées « sur une base exceptionnelle ».