L’annonce de la mise au ban du petit Etat gazier a poussé le secrétaire d’Etat américain à appeler les pays du Golfe à rester unis.Quelques heures après l’annonce par l’Arabie saoudite et cinq de ses alliés — l’Egypte, le Yémen, Bahreïn, les Emirats arabes unis, et le gouvernement dissident libyen de Baïda — de leur rupture diplomatique avec le Qatar, la communauté internationale a commencé à réagir.
L’annonce de la mise au ban du petit Etat gazier a poussé le secrétaire d’Etat américain, Rex Tillerson, à appeler les pays du Golfe à tenter de régler leurs divergences :
« Certainement, nous encouragerions les parties à s’asseoir et à parler de ces divergences. Si nous avons un rôle à jouer pour les aider à affronter [leurs différends], nous pensons qu’il est important que le CCG [Conseil de coopération du Golfe] reste uni. »
Dans un discours diffusé par la chaîne de télévision qatarie Al-Jazeera, le chef de la diplomatie de l’émirat, Mohammed bin Abdul Rahman, a assuré qu’il n’y aura pas « d’escalade » de la part du Qatar, allié de longue date des Etats-Unis, comme l’Arabie saoudite.
« Notre relation avec les Etats-Unis est stratégique », a-t-il insisté : « Il y a des choses sur lesquelles nous ne sommes pas d’accord, mais les secteurs dans lesquels nous coopérons sont plus nombreux que ceux dans lesquels nous divergeons. »
L’Iran appelle à reprendre le dialogue
De son côté, la Turquie, qui entretient des rapports étroits avec les monarchies du Golfe, a exhorté les acteurs du dossier au dialogue, proposant son aide pour que « la situation revienne à la normale ».
Dans la même veine, Téhéran a appelé le Qatar et ses voisins du Golfe à reprendre le dialogue pour résoudre leurs différends. « Les voisins sont permanents, la géographie est immuable. La coercition n’est jamais la solution. Le dialogue est impératif, particulièrement durant le ramadan », a tweeté lundi le chef de la diplomatie iranienne, Mohammad Javad Zarif, qui s’est entretenu par téléphone avec ses homologues turc, indonésien, irakien et omanais des « derniers développements régionaux ».
Auparavant, le porte-parole du ministère des affaires étrangères avait affirmé que « la résolution des différends » entre le Qatar et ses voisins « n’était possible que par des moyens politiques et pacifiques et un dialogue franc entre les parties », condamnant l’usage de sanctions comme « inefficace » et « inacceptable ».
L’Iran est particulièrement visé par ces manœuvres diplomatiques. L’Arabie saoudite et ses alliés ont en effet invoqué des questions de sécurité nationale pour justifier la rupture des relations diplomatiques avec leur voisin. Ils l’accusent, en effet, de déstabiliser la région et de soutenir des « groupes terroristes », y compris Al-Qaida, l’organisation Etat islamique (EI) et la confrérie des Frères musulmans.
Mais c’est également des déclarations sur un rapprochement entre le Qatar et l’Iran qui ont provoqué l’ire de l’Arabie saoudite, qui accuse Téhéran d’être « le fer de lance du terrorisme ». Ces propos ont été considérés comme un acte de « trahison » à Riyad et aux Emirats arabes unis, les principaux animateurs du front anti-Téhéran. Le président américain, en visite à Riyad le 21 mai, avait pour sa part demandé à la communauté internationale « d’isoler » l’Iran.
Israël espère tirer profit de l’isolement du Qatar
De son côté, le gouvernement israélien espère tirer profit de l’isolement du Qatar. Le ministre des affaires étrangères, Avigdor Lieberman, a estimé que la rupture des principales monarchies du Golfe et de l’Egypte avec le Qatar ouvrait la porte à une coopération avec ces pays dans la lutte contre le terrorisme.
La rupture avec le Qatar « est encore une nouvelle illustration du fait que même les Etats arabes comprennent que le danger réel sur la scène régionale ne vient pas d’Israël, des juifs ou du sionisme mais du terrorisme ». « Lors de sa visite en Arabie saoudite, on a vu le président des Etats-Unis parler avant tout d’une coalition contre le terrorisme, a ajouté M. Lieberman. L’Etat d’Israël est vraiment ouvert à la coopération, la balle est [maintenant] dans l’autre camp. »