Le recteur de la Grande mosquée de Paris a décerné, à titre posthume, “la médaille d’honneur de Bâtisseurs des mosquées” au guide spirituel de la cité religieuse tidjane de Tivaouane, El Hadji Malick Sy, a appris l’APS de la famille du récipiendaire.
Le recteur de la Grande mosquée de Paris, Chems-Eddine Hafiz, a remis cette médaille à Serigne Moulaye Abdoul Aziz Sy Ibn Habib et Abdoul Hamid Sy, partis représenter la famille maraboutique de Tivaouane à Paris.
Cette distinction a été décernée à El Hadj Malick Sy “en reconnaissance de son dévouement pour le droit des musulmans d’exercer leur culte dans la dignité, en l’honneur de ses accomplissements en faveur de la construction de lieux de culte et pour sa contribution active à l’enrichissement du patrimoine culturel de France”, lit-on sur le diplôme daté du 24 mai 2024.
“Lorsque vous êtes témoin d’un acte aussi symbolique qui concerne vos deux arrières grands-parents [El Hadj Malick Sy et Cheikh Abdoul Hamid Kane], c’est une double fierté qui vous gagne”, a témoigné Abdoul Hamid Sy, coordonnateur de la cellule zawiya tijaniyya.
Pour Abdoul Hamid Sy Al Amine, “cette reconnaissance par l’institution de la Grande mosquée de Paris de l’œuvre d’un homme qui a consacré toute sa vie à servir l’islam, consacre l’énorme travail d’un bâtisseur de mosquées au Sénégal pour avoir de son vivant construit trois zawayas à Saint-Louis, Dakar et Tivaouane”.
Il rappelle qu’El Hadji Malick Sy était le seul chef religieux d’Afrique de l’Ouest coloniale invité à la pose de la première pierre de la Grande mosquée de Paris en 1922. Il était alité mais avait dépêché son “mouqaddam” (émissaire) et grand cadi de Kaolack, Cheikh Abdoul Hamid Kane, pour le représenter à cette cérémonie. C’est sur le chemin du retour qu’il avait appris le décès de son maître, le 27 juin 1922, raconte Abdoul Hamid Sy.
Après avoir été envisagée sans succès à partir de 1895, la décision de construire une mosquée à Paris s’est concrétisée au lendemain de la Première guerre mondiale. L’idée d’érection d’un lieu de culte musulman dans la capitale française est née en reconnaissance aux milliers de soldats de confession musulmane morts pour la France, notamment lors de la bataille dite “Destin de la France”, à Verdun, en 1916, peut-on lire sur le site internet de ma mosquée.
Pour Abdoul Aziz Diop, également petit-fils d’El Hadj Malick Sy, cette distinction à titre posthume atteste que “le legs [du guide religieux de Tivaouane] est bien entretenu, depuis son premier khalife Serigne Babacar Sy, en passant par Mame Abdoul Aziz Sy Dabakh jusqu’à l’actuel khalife Serigne Babacar Sy Mansour”.
Il en veut pour “exemple patent” la Grande mosquée de Tivaouane, présentée comme une “fierté” pour la communauté tidjane et l’islam.
El Hadji Malick Sy en avait jeté les fondements en 1904, avant qu’elle ne subisse une première extension en 1979, sous le khalifat de Mame Abdoul Aziz Sy Dabakh.
Depuis 2021, de nouveaux travaux sont engagés pour agrandir cette mosquée avec de nouvelles composantes, sous l’égide de l’actuel khalife des tidjanes Serigne Babacar Sy Mansour.
Abdoul Aziz Diop considère que cette distinction attribuée à El Hadj Malick Sy, 102 ans après son rappel à Dieu, atteste que le guide des tidjanes est un “visionnaire et grand bâtisseur de mosquées”.
Ses petits-fils estiment que le patrimoine matériel et immatériel de El Hadji Malick Sy, constitué de milliers de “mouqaddams” et disciples formés et disséminés sur l’étendue du territoire national, et de milliers de daaras et mosquées implantés au Sénégal par lui même, ses descendants ou disciples, “atteste qu’il était un “homme de son temps”.