Le gouvernement congolais ouvre 27 de ses blocs pétroliers aux investisseurs malgré la mise en garde des ONG locales et internationales. Celles-ci assurent que pas moins de neuf blocs pétroliers à être mis aux enchères, à la fin de ce mois, chevauchent des aires protégées.
Kinshasa ne nie pas les chevauchements, mais veut rassurer les activistes et les futurs investisseurs. Au départ, ce sont 16 blocs qui devraient être mis aux enchères, mais le gouvernement en a ajouté 11 autres.
Didier Budimbu, le ministre congolais des hydrocarbures, était lundi face à la presse pour annoncer l’appel d’offres, au micro de notre correspondant à Kinshasa, Pascal Mulegwa. Il se veut rassurant : « On peut dire qu’il y a sur certains blocs, parmi ceux que l’on a rajoutés, c’est vrai que ça chevauche un tout petit peu dans certains parcs. Mais ça n’empêche qu’il y a des techniques pour pouvoir forer sans pour autant que l’écosystème puisse connaître des problèmes. »
Une opportunité économique pour le gouvernement
Didier Budimbu a voulu rappeler l’intérêt économique pour le pays, surtout en pleine crise ukrainienne : « Avec tous ces 27 de blocs, on avoisine 2000 milliards [de dollars américains] en termes de revenus, donc c’est énorme pour notre pays et grâce au pétrole, ce pays peut réellement se développer, on n’a pas ça pour qu’on s’en serve comme ornement, on a ça pour que nous puissions nous en servir et c’est ça que nous allons faire. Actuellement, avec la crise ukrainienne, le Congo a aussi le droit de bénéficier de ses ressources, et le gouvernement a levé l’option. Donc, ces 27 blocs pétroliers et trois gaziers seront mis en appel d’offres. Tant que ceux qu’ils vont se missionner seront là pour réellement développer le secteur avec nous, on a une certaine attractivité du point de vue fiscal, de sécurité juridique, de façon que ceux à qui on va attribuer ces blocs puissent vraiment évoluer en paix, et que chacun puisse tirer quelque chose et se retrouver. »
« Les peuples autochtones pourraient affecter leurs vies de manière irrévocable »
De leur côté, les défenseurs de l’environnement dénoncent l’absence de concertation avec les communautés congolaises. Et ils alertent sur les conséquences de cette exploitation pour le climat mondial, un tiers des blocs étant situé dans des réservoirs de carbone. Irène Wabiwa Betoko est chef de campagne forêts à Greenpeace pour le bassin du Congo :
« Si ce projet n’est pas arrêté, cela va avoir des conséquences farouches contre le climat, mais aussi sur les communautés locales. Les peuples autochtones, qui d’ailleurs ne sont même pas informés de ce plan, pourraient affecter leurs vies de manière irrévocable. Il ne s’agit pas ici de regarder seulement les intérêts financiers ou économiques, mais il y a la vie de millions de communautés congolaise, de millions de personnes à travers le monde qui serait en jeu, et donc il n’y a aucun chiffre en termes de dollars qui pourrait compenser cela. Et donc notre objectif, c’est de mettre tous nos efforts ensemble pour stopper ce projet et demander à toutes les entreprises pétrolières qui auraient la tentation de soumissionner aux appels d’offres qui seront lancés du 28 au 29 juillet de ne pas le faire, parce qu’ils vont trouver les Congolais sur leur chemin y compris Greenpeace et ses partenaires. »