Ocean Viking : La prise en charge des rescapés de l’Ocean Viking a commencé dans la zone d’attente sur la presqu’île de Giens, à quelques kilomètres de Toulon, et dans un hôtel pour les mineurs isolés. En tout, l’État a mobilisé 600 personnes et des associations se trouvent aussi sur place.
Richard Fradin est volontaire à la Croix Rouge. Il est présent dans la zone d’attente de Giens et c’est dans ce lieu qu’il décrit comme « fermé, mais pas oppressant », qu’il a vu arriver vendredi les 230 personnes descendues de l’Ocean Viking.
Ici, la Croix rouge est en mission humanitaire. Elle tente de répondre aux besoins immédiats des personnes débarquées de l’Ocean Viking : « On a commencé avec des activités classiques de réconfort : distribution de boissons chaudes, de vêtements, de chaussures… Beaucoup de rescapés sont pieds nus, les passeurs leur ont volé leurs chaussures à l’embarquement ».
Mais outre les besoins immédiats, la mission principale de la Croix-Rouge dans cette zone d’attente, c’est la mise en lien des migrants avec leurs familles. « On a mis en place un système de wifi et l’accès à des téléphones avec du crédit pour l’international. Les gens peuvent appeler leur famille, leurs proches et leur dire “c’est bien vrai, ça s’est bien passé, je suis vivant” », raconte le volontaire.
Pour cela, la Croix Rouge met à disposition six téléphones et les exilés peuvent avoir environ 5 minutes en ligne avec la personne de leur choix. Une fois les actions humanitaires immédiates réalisées, la Croix Rouge se concentrera à maintenir le lien entre les anciens passagers de l’Ocean Viking et leurs familles.
44 mineurs isolés
Parmi les 230 personnes qui ont été débarquées du navire de SOS Méditerranée, 44 sont des mineurs isolés. Ils ont été pris en charge par l’aide sociale à l’enfance. Érythréens, Égyptiens, Maliens ou encore Syriens, ils sont actuellement dans une structure d’accueil de mise à l’abri provisoire.
Ils sont arrivés dans un hôtel mis à disposition par l’État « très fatigués, dans un grand état d’épuisement », raconte Christophe Paquette, directeur général adjoint en charge des solidarités dans le département du Var. Et d’ajouter : « Concernant l’état psychologique, c’est assez variable. Il y en a qui rebondissent, qui jouent, qui rient et puis il y en a d’autres qui sont davantage sur la réserve. On prend donc le temps de communiquer avec eux ».
Et après un week-end dans l’hôtel où ils ont pu se reposer, jouer et apprendre quelques mots de français avec le personnel d’accueil et des interprètes, un long parcours les attend. Dès lundi, ils passeront un examen de santé approfondi avant des entretiens d’évaluation de la majorité. Une manière de déterminer leur âge avant « de les orienter en fonction de leurs besoins et de leur situation juridique ».
Une fois ces premières étapes franchies, la préfecture des Alpes-Maritimes devra enregistrer leur demande d’asile. Puis de multiples scénarios sont possibles, explique Gérard Sadik, responsable asile à la Cimade : « Il y a la possibilité de rechercher si, en Europe, un membre de famille est présent pour essayer de les rapprocher. Et sinon, la demande devra être enregistrée auprès de l’Ofpra. L’enfant sera assisté de ce qu’on appelle un administrateur ad hoc, une personne qui est chargée de défendre ses intérêts le temps de la procédure ».
Dans le cas où l’enfant n’est pas considéré comme mineur ou isolé lors de l’entretien, « la prise en charge s’arrête ». « Et derrière, l’enfant se retrouve littéralement sans aucune protection et à la rue parfois », s’inquiète M. Sadik.