Sur sa moto et muni de sa caméra embarquée, il est à la chasse aux infractions sur les routes de Dakar, la capitale du Sénégal.
Le visage dissimulé derrière son casque noir, il tente à sa manière de réguler la circulation et de contribuer à la sécurité des usagers de la route.
Lui, c’est un motard qui s’est donné comme mission de filmer les scènes de la circulation dans la capitale sénégalaise, tout en gardant l’anonymat.
Des vidéos que ce jeune passionné de mécanique partage sur les réseaux sociaux et ses différentes plateformes digitales sous le pseudonyme motard anonyme, qui lui colle à la peau comme un nom de scène.
Motard anonyme vient tout simplement du fait que je voulais faire des vidéos pour sensibiliser les gens. Mais en même temps, je voulais garder l’anonymat pour me protéger. Avant, je postais des vidéos sur Internet et je postais plus particulièrement sur Facebook dans un groupe et je mettais toujours l’option anonymat pour pouvoir poster sans pour autant que les gens sachent qui je suis. Et c’est à partir de là que je me suis dit qu’il fallait que je continue à poster les vidéos mais sur un compte Instagram que je venais de créer et j’ai décidé de conserver l’anonymat inspiré par l’option participant anonyme qui existe sur Facebook », explique le motard anonyme.
Le début de l’aventure
Dans une ville réputée pour son trafic dense et ses bouchons interminables, la moto est devenue au fil des années un moyen de transport très utilisé.
Circuler à Dakar est une gageure. Il n’est pas rare donc de voir des automobilistes ou d’autres usagers de la route s’accrocher aux conducteurs de motos. Notre motard anonyme en a fait les frais.
« Un jour j’étais sur ma moto, je roulais tranquillement. Puis soudain un jeune jakartaman (motocycliste) m’a coupé la route d’une manière très dangereuse, ça m’avait un peu énervé. Comme j’ai toujours une caméra qui filme mes trajets pour les besoins de mon assurance, j’ai eu le réflexe de l’allumer et je me suis rapproché de lui pour le sensibiliser un peu parce que son geste était très dangereux », raconte le motard.
« Je lui ai fait savoir que sa conduite était dangereuse d’autant plus qu’il n’a pas de papiers, il n’a ni de permis de conduire, ni assurance. J’ai par la suite décidé de publier la vidéo de notre discussion sur Internet pour sensibiliser les autres motocyclistes et ça a pris une tournure extraordinaire. Et c’est à partir de là que j’ai décidé avec un ami de continuer à faire les vidéos, et de créer le compte pour poster ce que les gens font et en profiter pour les sensibiliser », confie le jeune motard.
C’est le début d’une aventure à travers les routes de la capitale sénégalaise.
Le blouson noir assorti au casque et aux gants, cet amoureux d’automobiles se fond dans la circulation urbaine pour traquer les infractions routières et faire de la pédagogie auprès des usagers.
Il n’hésite pas à rappeler à l’ordre les usagers par rapport à leur comportement sur la route, leur conduite ou leur défaut d’équipements qu’ils soient sur 2 ou 4 roues.
« Mon moteur c’est de dénoncer ce qui se passe sur les routes au Sénégal, de montrer comment les gens conduisent et les dangers qu’ils prennent tout le temps et d’améliorer la circulation », dit-il.
Avec plus de 20 000 abonnés sur le réseau social Instagram et des vidéos partagées des milliers de fois sur les différentes plateformes digitales, le jeune motard commence à avoir sa petite notoriété.
« Quand j’ai commencé à faire les vidéos, je suis allé voir certains grands motards qui sont très connus au Sénégal, ils ont beaucoup aimé l’idée et m’ont encouragé. Quand j’ai posté ma première vidéo sur les réseaux sociaux, cela a eu beaucoup de succès. J’ai reçu beaucoup de messages de soutien des motards, me disant de continuer car c’est un concept original. Et donc je peux dire que j’ai le soutien de tous les motards dans cette aventure ».