Cette semaine, le procès de la décennie a atteint un tournant crucial avec l’interrogatoire de l’ancien ministre Taleb Abdi Vall, qui a fait des révélations pour la première fois concernant le dossier Joysolar. Cette séance a été marquée par ce qui peut être décrit comme un « affrontement silencieux » entre certains accusés, se manifestant à travers leurs avocats. Concernant le dossier de fourniture des lampadaires solaires pour l’éclairage public à Nouakchott.
Après des questions précises de l’avocat Abdallahi Ould Gah, l’ancien ministre Taleb Abdi Vall a affirmé avoir entendu parler du dossier Joysolar pour la première fois lors d’un conseil des ministres présidé par l’ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz. Cette déclaration a mis en lumière des liens potentiels entre le plus haut responsable du gouvernement et ce dossier controversé. L’ancien premier ministre Mohamed Salem O. Bechir a semblé vouloir charger l’ancien ministre du pétrole, de l’énergie et des mines, Taleb O. Abdi Vall, tandis que l’ancien premier ministre Yahya O. Hademine a également été impliqué dans l’affaire de financement de la piscine du président dans son ranch privé.
L’audience s’est concentrée sur l’interrogatoire de Taleb O. Abdi Vall. Les avocats de Mohamed Salem O. Bechir ont posé des questions liées à l’éclairage public à Nouakchott, une question qui est au cœur de la controverse dans ce dossier depuis le début de l’année 2013. Ce dossier implique plusieurs accusés, dont les figures clés sont l’ancien directeur général de la société mauritanienne d’électricité (SOMELEC) de l’époque, Mohamed Salem O. Bechir, et Taleb O. Abdi Vall. Contrairement aux autres prévenus et même témoins Taleb Abdi vall s’est fait un point d’honneur de répondre à toutes les questions d’où qu’elles viennent estimant qu’il n’avait rien à cacher.
Le point central de la controverse lors de cette séance a été un e-mail envoyé par la société chinoise « Joysolar » à Mohamed Salem Bechir et qui serait destiné à Taleb Abdi Vall comportant une proposition technique et financière pour le projet d’électrification des rues de Nouakchott. Cette offre a été acceptée par le gouvernement malgré un appel d’offres précédemment lancé. L’équipe de défense de Mohamed Salem O. Bechir a interrogé Taleb O. Abdi Vall sur sa relation avec la société chinoise et sur l’utilisation du terme « cher Taleb Abdi Vall » dans l’e-mail, le trouvant suspect.
Cependant, Taleb O. Abdi Vall a catégoriquement nié toute relation avec la société chinoise. Il a expliqué qu’il avait brièvement rencontré des représentants de JoySolar lors d’une foire aux Émirats Arabes Unis, mais qu’il les avait laissés discuter avec le directeur de la SOMELEC qui est leur interlocuteur et qui leur avait adressé un mail pour les rencontrer en cette circonstance. Il a également souligné que le terme « cher » (dear) était une formule courante dans les correspondances de ce type, surtout en anglais. Il a ajouté que l’e-mail avait été adressé au directeur de la SOMELEC et non à lui.
Pendant l’audience, Mohamed Salem O. Bechir échangeait constamment des documents et des instructions avec ses avocats, tandis que les questions de ces derniers suscitaient l’indignation de la défense de Taleb O. Abdi Vall. Le parquet général et le collectif de défense de la partie civile ont tous deux demandé à obtenir une copie de l’e-mail en question, tandis que le tribunal a demandé à l’avocat de Mohamed Salem O. Bechir de fournir une copie traduite de l’e-mail à tous les avocats.