Quatre ans après sa signature, l’accord de paix au Soudan du Sud n’a pas amélioré la vie de la majorité des habitants du pays. Entre instabilité et impunité sur les crimes de guerre, le constat reste amer.
Au Soudan du Sud, ce sont les quatre ans de l’accord de paix « revitalisé », signé en 2018 pour mettre fin à la guerre démarrée en 2013. Un accord entre le président Salva Kiir et plusieurs groupes d’opposition, dont le vice-président Riek Machar, qui n’a pas apporté la paix et la stabilité tant attendue par les Sud-Soudanais. La période de transition qui doit conduire le pays à des élections a été prolongée de deux ans début août.
Autre développement récent : un premier contingent des forces armées unifiées a été mis en service, une disposition centrale de l’accord. Pour les habitants de l’Etat d’Unité, une région ravagée par les conflits en dépit de l’accord de paix, c’est la justice pour les crimes commis et la volonté politique de véritablement mettre en œuvre l’accord qui priment aujourd’hui.
« L’accord de paix n’a jamais été vulgarisé »
Thor Youanes, un activiste de la société civile, travaille dans le sud de l’Etat d’Unité : « Il y a bel et bien un processus de paix, mais il n’est connu qu’à Juba, car l’accord de paix n’a jamais été vulgarisé. En tant qu’activistes, nous demandons à ce qu’il soit expliqué aux gens. »
Selon lui, ce sont même les dirigeants locaux qui ignorent le processus de paix : « La communauté du sud d’Unité a vécu en paix pendant des siècles. Mais les luttes de pouvoir des acteurs politiques ont influencé et divisé les gens là-bas. Les divisions politiques se sont répandues au sein de la communauté. Les gens sur le terrain ne savent pas s’il y a la paix. Ce qu’ils savent, c’est qu’il y a des combats entre le gouvernement et l’opposition, jusqu’à ce jour. »
« Les gens vivent misérablement »
Nyakume Peter est une activiste originaire du comté de Leer, dévasté aussi par les combats. Et l’ONU a même dénoncé de graves abus des droits humains dans un rapport récent : « Les gens se plaignent et se demandent : ‘’pourquoi nos dirigeants ne peuvent pas aller sur le terrain pour voir la souffrance de notre peuple ?’’ Depuis Juba, ils pensent qu’il y a la paix, mais il y a aussi ces régions où les gens souffrent, où les gens vivent dans des camps, où les gens vivent misérablement dans la nature, dans les marécages ».
Pour elle, la justice pour les crimes commis est une condition de la construction d’une paix durable dans sa région et dans le pays.