Avec 47 listes validées pour ces élections législatives, les Sénégalais font face à des possibilités de choix pléthoriques, avec des promesses de campagne parfois platoniques sans exagérations aucunes. Cela dit ces 47 listes sont-elles signe d’une vitalité et d’un renouveau de la vie politique sénégalaise? La première réaction de notre part, est de penser que ces 47 listes représentent autant de propositions nouvelles concernant l’offre politique nationale, et que donc finalement, le Sénégal est dans une sorte de bonne santé démocratique. A y regarder de plus près, il y a de nouvelles figures qui émergent, des personnalités non issues des formations politiques jusque-là connues. Mais que vont-elles apporter d’inédit, d’original par rapport à l’offre déjà existante ? Pour notre part, ce sont là des questions très difficiles à répondre, car les termes de la communication sont confus. Tout d’abord, quel est le temps qui est accordé à chaque liste pour présenter son projet politique, son programme ? Est-ce que les média (audiovisuel, radiodiffusé, presse écrite et internet) ont l’espace et le temps disponibles pour permettre à chaque liste de s’exprimer et de confronter ses idées aux autres ? Le fait qu’il y ait absence ou quasi absence de débat entre les protagonistes, est assez éclairant.
…nous n’avons pas encore dépassé les traditionnelles grandes prières de rues (meetings, caravanes) où on célèbre…la venue du messie…
Au-delà, assiste-t’on de la part de nos candidats actuels, à des innovations majeures dans les formes de communications politique en temps de campagne ? Voyez par vous-même, sauf pour de rares exceptions, nous n’avons pas encore dépassé les traditionnelles grandes prières de rues (meetings, caravanes) où on célèbre sonos et tambour battant, la venue du messie apparu pour nous délivrer de nos peines. Bien entendu, le messie et son équipe feront preuve de largesse en sac de billet, de riz et autres diarrhées (denrées) alimentaires à son effigie. Peut-être qu’au fond, ce sont des sacrifices nécessaires pour la grande victoire. Bain de foule n’est pas gain de voix!
Aux claviers, il faut adjoindre les foyers !
En plus des « tradis » purs et durs, a-t-on les candidats du digital. Leur terrain de chasse à eux, c’est le web. Atout considérable à plusieurs titres, le web permet de toucher un nombre plus élevé d’électeurs malgré la distance géographique, d’exposer ses idées avec l’usage de plusieurs outils, comme c’est déjà le cas avec facebook , youtube et d’autres du même type. Mais faut-il être assez naïf pour croire qu’un live facebook permettra d’échanger, dialoguer et convaincre l’essentiel des électeurs ? Certains candidats ici en France utilisent une démarche plurielle, mêlant usage des ressources d’internet et des actions sur le terrain. Par exemple : des rencontres débats dans les foyers de travailleurs immigrés, distribution de tract, démarchage dans les lieux à forte concentration de citoyens sénégalais. Cela nous semble une méthode mieux pensée, peut-être plus adaptée, d’autant que les électeurs sont multiples et ont des pratiques politiques, sociales différentes. Aux claviers, il faut adjoindre les foyers !
Il faudra sans doute durcir les conditions de participation aux élections nationales…
Avec cette vaste cacophonie (la présence de 47 listes) on va sans aucun doute vers une abstention relativement forte. Nous sommes pour la liberté d’association, mais faut-il encore l’encadrer, afin que cette liberté ne finisse pas par rimer avec anarchie. En effet, Il est inacceptable que des mouvements ou partis politiques, sans siège social, sans un certain nombre de membre avec une absence totale de représentativité même au niveau local (des groupes de 2 voire 10 personnes, dont on sait avec pertinence qu’ils ne peuvent briguer aucun mandat, même local) viennent parasiter la tenue d’évènement aussi important que les élections nationales, ici les législatives. Il faudra sans doute durcir les conditions de participation aux élections nationales, au moins, afin d’en préserver la solennité et le caractère sérieux.