«Khalifa Sall vous écrit», c’est le titre de la lettre publiée, dans la nuit de jeudi à vendredi, par l’équipe de campagne du maire de Dakar. Khalifa Sall, candidat aux législatives du 30 juillet 2017, est en prison depuis le 7 mars. Il est soupçonné par la justice de détournements de deniers publics à hauteur de 2,7 millions d’euros. Son incarcération lui interdit de parler, de communiquer, mais le maire candidat a donc fait le choix de publier cette lettre aux Sénégalais.
« Ensemble pour une Assemblée du peuple », voilà comment Khalifa Sall conclut cette lettre qui est à la fois un programme de campagne et un véritable brûlot contre le pouvoir.
« Je tiens à exprimer ma gratitude à tous ceux qui ont manifesté leur solidarité dès mon premier jour de détention », écrit le maire de Dakar qui fustige la justice : « J’ai été privé de liberté » suite à « un emballement judiciaire sans précédent dans l’histoire du pays ».
Sans jamais citer Macky Sall, Khalifa Sall le met dans son viseur en estimant par exemple « que depuis cinq ans, le peuple sénégalais subit les injustices, les violences et les échecs de la politique du pouvoir ».
Khalifa Sall liste ensuite ces griefs : « recul démocratique, instrumentalisation de la justice, endettement excessif, inflation du coût de la vie, sabotage de l’école et des structures de santé ».
Car le but de cette lettre au peuple sénégalais est clair et Khalifa Sall l’écrit : même depuis la cellule de sa prison, il estime que rien ne pourra stopper son mouvement, sa marche vers la victoire. Il a pourtant du mal à mobiliser. Un rassemblement quotidien devant la prison a tenu deux jours.
« Embastillé »
Cette lettre, ce communiqué adressé aux Sénégalais c’est donc le seul outil possible pour que le maire mène campagne explique Moussa Taye, son conseiller. « Le pouvoir en place a tout fait pour l’embastiller donc il est absent de la campagne, physiquement. C’est la raison pour laquelle il a décidé de s’exprimer directement par voie épistolaire. »
Face à cette impasse, la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme (Raddho) et Amnesty international, ici Seydi Gassama, demandent à l’état de prendre des mesures pour que Khalifa Sall mène campagne. « Vous ne pouvez pas autoriser quelqu’un à être tête de liste et lui dénier le droit de s’adresser à ses électeurs. Il faudrait que la ministre de la Justice prenne les dispositions pour qu’il puisse s’adresser à ses électeurs. »
Malgré ce silence imposé, Moussa Taye reste persuadé que Khalifa Sall est en marche vers la victoire. « Il est admirable de courage. Je l’ai vu, il nous demande d’être patients pour que, Inch’Allah, nous puissions avoir une victoire éclatante. »
Signe que même en prison Khalifa Sall reste puissant politiquement. Macky Sall a trouvé un appui de poids pour convaincre les électeurs de voter pour la coalition présidentielle. Le chanteur Youssou Nd’our participe désormais à la campagne.