Côte d’Ivoire : Les 46 militaires ivoiriens condamnés, entre autres, pour tentative d’atteinte à la sûreté extérieure de l’État et incarcérés au Mali, vont rentrer chez eux dans les heures qui viennent de ce samedi 7 janvier après la grâce accordée hier par le président de la transition malienne, le colonel Assimi Goïta.
Les 46 militaires ivoiriens graciés par Assimi Goïta sont attendus ce soir vers 22h à Abidjan. Des hauts gradés des armées malienne et ivoirienne étaient présents à leur départ de Bamako, où ils ont embarqué à bord d’un avion des forces armées ivoiriennes, sans cérémonial. L’appareil a décollé à 16h50. Il devait faire étape par le Togo, où les soldats devaient rencontrer le président Faure Gnassingbé, médiateur de la crise ivoiro-malienne. Il était prévu qu’ils repartent dans la foulée vers la Côte d’Ivoire. Les ex-prisonniers seront reçus au pavillon présidentiel de l’aéroport Félix Houphouët-Boigny par le président ivoirien Alassane Ouattara en présence des familles.
Des témoins dans le camp de la gendarmerie de Bamako où les soldats étaient détenus indiquent que l’annonce de la grâce présidentielle, vendredi soir, a été accueillie avec une joie contenue. Il leur a ensuite fallu ranger leurs paquetages. Leur chef de groupe, le lieutenant Kouassi Sanni Adam, qui conduisait la mission quand ces militaires ont été arrêtés en juillet, a ordonné à ses hommes de rester dignes, rapporte notre correspondant régional, Serge Daniel. Ceux-ci ont affirmé à leurs avocats ne pas avoir été maltraités durant leur détention.
Soulagement
Ces 46 militaires avaient été condamnés la semaine dernière par la justice malienne à 20 ans de prison et 2 millions d’euros d’amende, notamment pour « atteinte et complot contre le gouvernement ». Trois soldates, libérées en septembre, avaient quant à elles été condamnées à la peine de mort par contumace et 10 millions d’euros d’amende.
Tous avaient été arrêtés le 10 juillet dernier sur le tarmac de l’aéroport de Bamako, la junte malienne les accusant d’être des mercenaires armés ayant pour objectif de déstabiliser, voire renverser le gouvernement de transition. Abidjan avait fermement démenti et assuré que ces soldats étaient en mission pour l’ONU dans le cadre d’opérations de soutien logistique à la Minusma. Vendredi soir, le gouvernement malien a annoncé que le président de transition, le colonel Assimi Goïta, avait « accordé sa grâce avec remise totale de peines aux 49 ivoiriens condamnés par la justice malienne ».
« On ne peut pas comprendre cette condamnation, parce que, pour nous, tout était inscrit dans une logique de fraternité et de solidarité, souligne Yéo Pépégaligui, porte-parole du mouvement de soutien « Nous sommes 49 ». Pour nous, c’était une injustice, vu les relations séculaires entre nos deux pays. Nous avons donc accueilli l’annonce de cette grâce accordée aux 49 soldats avec joie. » Yéo Pépégaligui et les membres du collectif ont déjà prévu d’être à l’aéroport d’Abidjan pour accueillir les 46 militaires afin de leur faire savoir que « le peuple ivoirien était comme un seul homme » avec eux.