Madagascar : Alors que la COP27 se poursuit, et que d’innombrables programmes de protection de l’environnement sont en cours, des chercheurs en sciences sociales alertent sur le fait que certains de ces projets ont tendance à reproduire les inégalités sociales, alors même que les problèmes de pollution trouvent déjà leurs fondements dans des situations inégalitaires. À Antananarivo, à l’occasion d’un forum sur les pollutions plastiques dans l’océan Indien, plusieurs spécialistes évoquent les représentations sociales liées à la pollution.
Le projet ExPLOI financé par la Commission de l’océan Indien vise à lutter contre la pollution plastique. Et c’est dans ce cadre-là qu’une étude sur la perception du risque a pu être réalisée auprès des Vezo, l’ethnie de pêcheurs nomades largement présente dans le grand sud et l’ouest de Madagascar.
De nombreuses personnes « pensent que le plastique n’est pas dangereux »
« À peu près 90% des interviewés, sur 200 personnes interviewées, pensent que le plastique n’est pas dangereux, et en partie du fait de certaines coutumes, explique Thierry Bouvier est écologiste microbien, rattaché au laboratoire Marbec, et basé à l’Institut halieutique des sciences marines de Tuléar. Il y a notamment l’idée que la mer est nourricière, mais aussi protectrice et qu’elle va nettoyer le mal et éventuellement les plastiques qu’on va y jeter, même s’ils sont souillés. »
Ce résultat démontre combien les sociétés ne se représentent pas les problèmes plastiques de la même manière. Marie Thiann-Bo Morel est maître de conférences à l’Université de La Réunion. Elle coordonne le volet sur les représentations sociales vis-à-vis du plastique, dans le projet ExPLOI. Pour la sociologue, la place des sciences sociales dans les programmes de protection environnementale est capitale.
« Ce qui est un déchet à la Réunion n’est pas un déchet à l’île Maurice, ou à Madagascar ou aux Comores. Et lorsqu’on fait les enquêtes sociologiques, ce qui est très délicat, c’est d’arriver à ne pas réactiver un ordre moral du propre et du sale. Et ça, c’est très compliqué à intégrer dans les protocoles d’enquête. »