Madagascar :Jean-Brunelle Razafintsiandraofa, député d’Ikongo, a réclamé, lundi 7 novembre, l’ouverture d’une enquête parlementaire sur la tuerie d’Ikongo pour que justice soit faite. Dans cette zone très enclavée située dans le sud-est du pays, 23 personnes avaient péri sous les balles des gendarmes et 46 autres avaient été blessées par balle, le 29 août.
Deux mois et demi se sont écoulés, depuis le drame. La seule et unique enquête à ce jour, pour déterminer notamment si les forces de l’ordre ont agi en état de légitime défense, est menée par la police judiciaire et est toujours en cours.
Le 29 août, la caserne de la gendarmerie d’Ikongo est encerclée par une foule en colère qui réclame que lui soient montrés deux suspects, fraîchement arrêtés, suite à une affaire d’enlèvement d’enfant albinos. Des bruits ont couru que les gardés à vue ont été libérés. La situation se crispe. Le ton monte. Les gendarmes tirent. 23 civils mourront sous les balles.
Le village d’Ikongo est situé dans la partie sud-ouest de la région de Vatovavy-Fitovinany.
Le village d’Ikongo est situé dans la partie sud-ouest de la région de Vatovavy-Fitovinany. © RFI
« La gendarmerie et la police nationale ont pris l’initiative d’ouvrir une enquête, mais en tant que victimes, il est très difficile d’accepter le résultat d’une enquête menée par des gens que nous soupçonnons d’être auteurs de ce massacre. Et jusqu’à maintenant, aucune enquête n’a été ouverte au niveau du parquet. Le procureur n’a pas encore pris ses responsabilités. On se sent méprisés et abandonnés par l’État », rapporte Jean-Brunelle Razafintsiandraofa, député d’Ikongo.
Une faillite de l’État et de la justice, voilà ce que dénonce l’élu, raison pour laquelle ce dernier a officiellement demandé, lundi, la création d’une commission d’enquête parlementaire pour s’assurer que les résultats des investigations concordent bien.
« Que ce soit clair : cette affaire est une affaire criminelle et politique en même temps. Si le régime en place ne veut pas aller dans le sens de la justice, les victimes du district d’Ikongo pourront encore réengager la poursuite après l’élection présidentielle de 2023 parce que l’action publique ne se limite pas au mandat présidentiel actuel », a-t-il ajouté.
Vers une commission d’enquête parlementaire
Contacté, le ministre de la Justice se défend et rappelle que le parquet n’a pas pour obligation de se saisir d’office. « Il aurait pu, mais ne l’a pas fait cette fois-ci », admet-il. « L’enquête avance », assure-t-il, « mais la région est tellement enclavée que cela prend beaucoup de temps pour réaliser toutes les auditions. »
De leur côté, les députés malgaches devront voter mardi prochain pour se prononcer en faveur ou non de la création de cette commission d’enquête parlementaire. Si elle est votée, la mise en place de cette dernière pourrait encore prendre plusieurs mois, indépendamment du bon vouloir des membres du bureau permanent de l’Assemblée nationale.