Madagascar : Mercredi 8 mars, le diplomate slovène Janez Lenarcic a opéré une visite éclair d’une matinée sur la côte Est de Madagascar, impactée par les cyclones successifs, dont le dernier en date, Freddy, a fait 17 morts et 190 000 sinistrés sur tout le territoire, d’après le dernier bilan. Un déplacement pour démontrer la solidarité européenne envers les victimes des conséquences du changement climatique, rencontrer les autorités et leur passer également quelques messages.
« Aujourd’hui, c’est une piste en très mauvais état, qui rend impossible le transport de café, de vanille, de canne à sucre ou de bananes qui sont cultivés dans la zone. Il faut la réhabiliter. Il y a quatre radiers à reconstruire. L’État, lui, s’est engagé seulement sur la rénovation des routes nationales », précise le représentant de région.
Un saut d’hélicoptère et une heure plus tard, la liste des doléances se poursuit, à Mananjary cette fois, avec le gouverneur de la région Vatovavy. « Vous êtes là pour constater la réalité sur terrain ! La population a beaucoup souffert du cyclone ! », déplore Maurice Lucien Randriarison, avant de tendre au commissaire une photo du palais du gouvernorat. « Je saisis l’occasion pour vous parler du bureau qui abrite la Région. Cela fait deux fois qu’il est complètement endommagé. Je suis maintenant un gouverneur SDF ! » raconte, sur le ton de la blague, le principal intéressé. Puis, sérieux, il poursuit : « Nous voudrions votre appui pour construire un nouveau bureau pour le gouverneur qui est sinistré depuis deux ans. »
Calme et souriant, le commissaire européen – l’équivalent d’un ministre de l’Union européenne – prend note et hoche la tête. « Nous sommes toujours là quand il y a une catastrophe ou un désastre », rappelle-t-il face aux autorités locales. Ces deux dernières années, la contribution humanitaire de l’Union européenne s’est d’ailleurs élevée à 32 millions d’euros. « Mais il faut maintenant travailler pour augmenter la résilience de la population. Travailler avec les autres acteurs, en particulier ceux du développement, qui peuvent s’attaquer aux solutions durables », martèle celui qui prône l’approche dite de Nexus.
« Il faut faire beaucoup mieux »
Les discussions se poursuivent à l’hôpital public de Mananjary, autour des bâtiments décoiffés. Les patients dévisagent la cohorte d’étrangers, descendus de 4×4 rutilants, chasubles floquées au nom de leur organisation – Echo, Unicef, PAM, Médecins du Monde, Croix Rouge… – et qui arpentent les couloirs d’un pas hâtif, encadrés par les trois gardes du corps armés du haut fonctionnaire européen.
Tout au long des visites, le commissaire insiste : « Les crises qui causent les besoins humanitaires dans ce pays sont prévisibles. Ces crises sont récurrentes. Moi, dans le futur, je voudrais éviter que chaque année, nous venions avec de l’aide humanitaire pour sauver des vies. Pour ça, il faut investir plus dans la résilience. Et c’est possible ! La preuve : le cyclone Batsirai l’an dernier a fait beaucoup plus de dégâts et de morts, alors que le cyclone Freddy, cette année, d’une force comparable, a causé moins de dommages. Pourquoi ? Parce que la prévention a été efficace. Mais il faut faire encore plus. Il faut introduire plus de bonne gouvernance, investir plus dans les services de base pour la population, la santé, l’éducation. Il faut faire beaucoup mieux ! »
À l’issue de sa matinée dans le Sud-Est, le chef d’Echo, la branche humanitaire de l’Union européenne, a confirmé avoir « bien noté les attentes et les désirs de chacun », tout en soulignant bien que les questions de développement, pour lesquelles l’Union européenne a d’ailleurs engagé 324 millions d’euros d’aides pour la période 2021-2024, ne sont pas de son ressort.
La visite en terre malagasy de Janez Lenarcic doit s’achever par une rencontre avec le président Andry Rajoelina jeudi 9 mars. Occasion pour le représentant européen de passer en revue quelques sujets clés : bonne gouvernance, élection présidentielle et prochain vote de résolution aux Nations unies sur le conflit russo-ukrainien.