A sept mois de l’élection présidentielle de février 2024, le Colonel Assimi Goïta forme un nouveau gouvernement mission composé essentiellement des technocrates. Il écarte dans la foulée toutes les tendances politiques sauf le premier ministre Dr Choguel Kokala Maïga.
A la veille de la proclamation de la 4ème république, le colonel Assimi Goïta a dévoilé l’attelage du troisième gouvernement de transition depuis la rupture constitutionnelle en Août 2020. La liste des 12 nouveaux ministres entrants et quatre autres faisant partie du gouvernement a été dévoilée, le samedi soir, par le Secrétaire général de la présidence. Pour l’une des rares fois, un gouvernement est formé en sapant la classe politique au profit des technocrates. Le chef de l’Etat de Transition a jeté son dévolu sur des banquiers, des praticiens de droit, un agronome, un spécialiste dans le droit du travail, du monde de l’éducation, de l’enseignement supérieur … pour conduire les affaires de l’Etat jusqu’à la présidentielle de février 2024. Les partis politiques, les centrales syndicales, les mouvements politiques de soutiens à la transition et les représentants des groupes armés signataires de l’accord d’Alger ont été purement et simplement ignorés. A part la primature et le ministère de la refondation de l’Etat et celui de l’Elevage et la pêche occupés par les politiques, les 26 autres postes au gouvernement sont attribués aux technocrates et aux militaires qui n’ont aucune appartenance politique.
Par exemple, la ministre URD à la tête du département de la fonction publique et du travail depuis deux ans a été remplacée par le Pr Fassoum Coulibaly, spécialiste du droit de travail, celui de l’industrie et du commerce, membre de la coordination des mouvements de l’Azawad, a été également remplacé par Moussa Alassane Diallo, un banquier et un fin connaisseur de l’économie. S’y ajoute à la nomination d’un praticien du droit et fin connaisseur des textes, le Pr Amadou Keïta, au département des mines, où le colonel Assimi Goïta veut opérer des changements après un audit du secteur minier. Aussi, le Ministère de l’éducation nationale octroyé au Pr Amadou Sy Savane et celui de l’enseignement supérieur à Boureïma Kanssaye, tous sans appartenance politique mais connu pour avoir fait carrière dans le monde de l’enseignement.
D’autres départements clés tels que le ministère de la santé et du Développement sociale au colonel Assa Badiallo Touré, militaire et médecin cardiologue ayant fait carrière dans la santé. Jusqu’à sa nomination au gouvernement, elle était la conseillère technique du Président en charge des questions sociales. Le Ministère de l’énergie et de l’eau confié à Bintou Camara, une fonctionnaire qui a fait carrière dans le domaine de l’énergie tandis que le ministère de l’Agriculture est désormais occupé par Lassine Dembélé, agronome de formation qui a été successivement secrétaire général du même département pendant trois ans, Directeur général de la Haute Bani située dans la région de San et du seuil de Sélingué.
Dans la foulée, le ministère de la jeunesse, des sports et de la construction citoyenne a été confié au jeune Abdoul Kassim Ibrahim Fomba, récemment directeur de l’ONG THink peace Sahel, tandis que le Ministère de l’environnement est revenu à Mamadou Samaké, réputé proche des militaires de Kati.
Un message aux politiques à l’approche de la présidentielle
Alors que toutes les prédictions semblaient indiquer la formation d’un gouvernement d’union nationale après le référendum constitutionnel, le duo Assimi Goïta et Choguel Kokala Maïga ont préféré exclure les groupes armés signataires de de l’accord pour la paix et la classe politique ainsi que les syndicats du gouvernement. Seul Mossa Ag Attaher, membre de la CMA, qui est resté en devenant le nouveau ministre des maliens établis à l’extérieur. A travers cette exclusion, le chef de l’Etat n’envoie-t-il pas un message aux politiques et aux groupes armés qui désirent conquérir le pouvoir ? Une manière de les renvoyer à leur base politique pour préparer les élections électives et présidentielles qui devront mettre fin à la transition de quatre ans.