Présidentielle américaine 2024: Le président démocrate de 80 ans a expliqué vendredi avoir « trop d’autres choses » à terminer avant de pouvoir entrer en campagne. Une situation qui commence à embarrasser son parti alors que leurs opposants républicains se préparent pour leur primaire.
Joe Biden l’a répété vendredi dans une interview accordée à ABC News: « (S)on intention a été depuis le début de (s)e représenter » en 2024 mais « il y a trop d’autres choses que nous devons terminer à court terme avant que je ne commence à faire campagne ».
De retour à Washington après un déplacement surprise en Ukraine et d’une réunion en Pologne avec des pays membres de l’Otan, le locataire de la Maison Blanche se fait de plus en plus attendre pour lancer sa campagne pour la prochaine présidentielle.
Ses collègues démocrates sont en tout cas embarrassés par cette situation floue qui perdure, selon le média américain Politico. La chaîne américaine CNN tablait sur une officialisation en février, peu après le discours sur l’État de l’Union le 7 février, tandis qu’une source au sein du Parti démocrate relayée par CBS misait plutôt sur fin février – début mars.
Aujourd’hui journalistes et fins analystes de la politique américaine prévoient plutôt une annonce du président pour le printemps. Sa femme Jill Biden a déclaré vendredi à l’agence de presse américaine Associated Press qu’il ne restait plus qu’à décider du lieu et de la date de l’annonce d’entrée en campagne.
Un président « en bonne santé » qui reste indécis
Malgré des sondages peu reluisants et l’affaire des documents classés, Joe Biden avait estimé en octobre 2022 qu’il pouvait « battre Donald Trump à nouveau » tout en assurant à plusieurs reprises ces derniers mois n’avoir pas pris de décision « définitive ».
« Il a toujours été indécis, que ce soit pour les précédentes campagnes ou encore avec la nomination de Kamala Harris à la vice-présidence, il prend des décisions lentement », analyse Olivier Richomme pour BFMTV.com.
Le professeur de civilisation américaine à Lyon II ne doute pas, lui, de la candidature du président démocrate: « il faudrait un problème de santé, ou qu’il soit empêché de se représenter ».
Celui qui a été élu en 2020 peut se vanter de deux récentes victoires face aux républicains: un Sénat toujours démocrate à l’issue des midterms mais aussi un tout nouveau bilan médical rendu public la semaine dernière. Un sujet clé pour lui. À 80 ans, le 46e président des États-Unis est présenté par son médecin comme étant « en bonne santé », « vigoureux » et « apte » à remplir ses fonctions.
Une défense de taille face aux attaques incessantes du GOP qui ne cesse de le railler depuis qu’il a été surnommé « Sleepy Joe » (« Joe l’endormi ») par Donald Trump lors de la précédente campagne présidentielle. Certains de ses opposants assurent que ce dernier n’aurait plus toute sa tête, illustrant leurs propos par des moments de confusion du président lors de certaines prises de parole.
Pas de candidature, mais des levées de fonds
S’il se montre indécis, Joe Biden n’en demeure pas moins prévoyant. Il a effectué fin janvier des déplacements au cours desquels ont eu lieu des réceptions organisées par le Parti démocrate afin de lever des fonds… pour 2024?
« La qualité première pour être élu aux États-Unis, c’est avant tout la capacité à lever des fonds », juge Olivier Richomme, qualifiant la campagne d’un candidat à la présidentielle américaine de « grosse entreprise, de l’ordre du milliard de dollars, qui est mise sur pied pour deux ans ».
« C’est 50 campagnes dans 50 États. Il faut avoir du monde sur le terrain et y aller très tôt. Plus tôt on s’y prend mieux c’est », estime-t-il.
Des élus dans les starting-blocks en cas de renoncement
Si le président américain renonce à briguer un second mandat, ce serait une première en plus de 50 ans (Lyndon B. Johnson s’était retiré de l’investiture démocrate en 1969). Les prétendants démocrates au poste ne sont néanmoins pas difficiles à trouver. Plusieurs gouverneurs ont affiché leurs ambitions politiques, celles-ci ne s’arrêtant pas à leurs Etats respectifs.
C’est notamment le cas de Gavin Newsom qui début son second mandat de gouverneur en Californie. « Politiquement il est en mesure de pouvoir de le faire, s’il y a une fenêtre de tir il ira », observe Olivier Richomme.
Le gouverneur du New Jersey Phil Murphy mais aussi celui de l’Illinois J.B. Pritzker sont aussi des noms revenant depuis plusieurs mois dans les médias américains. Bernie Sanders, lui, n’a pas exclu une nouvelle candidature pour accéder à la Maison Blanche dans l’éventualité d’une « primaire ouverte » du Parti démocrate. L’écrivaine Marianne Williamson a quant à elle fait savoir jeudi qu’elle se lancerait dans la course.
Donald Trump d’ores et déjà candidat
S’il se décidait à officialiser ou renoncer à sa candidature en avril ou mai prochain, Joe Biden ne serait en aucun cas en retard comparé à ses prédécesseurs démocrates. Barack Obama avait annoncé brigué un second mandat en avril 2011 tandis que Bill Clinton avait déclaré être candidat à sa réélection en avril 1995.
Côté républicain, George W. Bush avait annoncé briguer un second mandat en mai 2003. Donald Trump, lui, l’avait annoncé plus tôt encore, en juin 2019 pour une élection en novembre 2020.
L’ancien président américain a officialisé dès novembre 2022 sa candidature. Il devra néanmoins faire face à Nikki Haley, l’ancienne gouverneure de Caroline du Sud qui s’est lancée dans la course à l’investiture républicaine. Sans compter la probable candidature du gouverneur de Floride Ron DeSantis. De quoi mettre des bâtons dans les roues du milliardaire, qui veut à tout prix prendre sa revanche.