Kassory : En Guinée, un autre procès emblématique va s’ouvrir en ce mois de mars, après celui en cours (depuis six mois) portant sur le massacre du 28 septembre 2009 et qui focalise toutes les attentions.
Il s’agit du procès des anciens dignitaires du régime d’Alpha Condé, accusés de crimes économiques. Sont attendus à la barre de la chambre de jugement de la Cour de répression des infractions économiques et financières (Crief), un ancien Premier ministre (Kassory Fofana), un ancien Président de l’Assemblée Nationale (Amadou Damaro Camara), des anciens ministres d’Etat (Dr Mohamed Diané, Oyé Guilavogui), pour ne citer que ceux-là.
En détention depuis onze mois, ces anciens piliers du régime déchu vont répondre des faits de corruption, d’enrichissement illicite, blanchiment de capitaux et détournement de deniers publics.
Depuis leur inculpation et leur mise en détention en avril 2022, le RPG arc-en-ciel, parti dont ils militent, n’a cessé de réclamer leur jugement ou à défaut procéder à leur libération. Comment la programmation de leur procès est-elle accueillie dans les rangs de l’ancien parti au pouvoir ? Africaguinee.com a joint un cadre de cette formation politique.
« Nous avions réclamé l’ouverture de leur procès depuis longtemps. Ce qui n’était pas le cas jusqu’à présent. Ce que nous avons constaté jusque-là, ce qu’il y a une contradiction entre les acteurs de la justice guinéenne sur le traitement des dossiers de nos camarades. Depuis neuf mois, il y a eu plusieurs délibérations rendues par certaines instances pour leur libération, mais une seule personne en a décidé autrement. Cela donne déjà une idée. En tant que profane de la justice, c’est une pure contradiction à noter« , indique Marc Yombouno.
Ce responsable du RPG arc-en-ciel affirme qu’ils vont suivre la démarche des avocats de leurs camarades. Ils demandent le respect du droit.
« Leurs conseils (avocats, ndlr) ont dit qu’ils n’iront pas (au procès) tant qu’ils ne sont pas libérés. Mais nous, en tant que parti, on ne peut pas se déterminer sur la position du client ou de l’avocat. Ce que nous demandons, c’est le respect du droit. Mais nous ne le constatons pas pour le moment. Et c’est ce qui est grave« , regrette Marc Yombouno.
Interrogé sur la participation ou non du collectif des avocats de la défense des inculpés, maitre Djibril Kouyaté, a répondu de manière nuancée. L’ex bâtonnier affirme que le rôle de l’avocat est d’assister son client et non de le représenter.
« Nous sommes en matière pénale. Le rôle de l’avocat, c’est d’assister son client et non de le représenter. Donc, nous sommes à la disposition du client, tout dépend de lui. La décision relative à la participation au procès revient au client. Notre rôle c’est de l’assister« , a brièvement expliqué cet avocat, joint au téléphone ce vendredi 10 mars, par un journaliste d’Africaguinee.com.