Un Colloque international pluridisciplinaire sur les enjeux de l’exploitation pétrolière et gazière en Afrique s’est ouvert, hier, à Dakar, sous la présidence du Premier ministre, Mahammed Boun Abdallah Dionne. A l’initiative du Comité nationale Itie Sénégal, cette rencontre de deux jours réunit des experts de haut niveau, en vue de faire le point sur l’état des connaissances afin de produire une réflexion prospective profitable aux nouveaux pays producteurs comme le Sénégal.
Un nouveau contexte appelle souvent de nouvelles problématiques ; lesquelles exigent de nouvelles démarches et de nouvelles réponses. Le premier baril de pétrole et les premiers m3 de gaz sont attendus en 2021. Mais déjà, le Sénégal est en train de prendre les devants pour une gestion « transparente et optimale » de ses ressources pétrolières et gazières. Pour apporter sa contribution dans le panier de réflexions déjà impulsées par le Cos-pétrogaz, le Comité nationale de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (Itie) a organisé, hier, avec le soutien de partenaires comme la Banque mondiale, un colloque international pluridisciplinaire portant sur les enjeux de l’exploitation des hydrocarbures en Afrique.
Cette rencontre s’étale sur deux jours et réunit une palette d’experts de haut niveau appelés à réfléchir sur les solutions permettant d’envisager les hydrocarbures comme un levier de développement durable en Afrique. « Il s’agit de faire le point sur l’état des connaissances afin de produire une réflexion prospective profitable aux nouveaux pays producteurs en général et au Sénégal en particulier à partir des enseignements tirés de l’exploitation de gaz et de pétrole en Afrique », a déclaré, à l’ouverture, le président du Comité national Itie, le Pr Ismaëla Madior Fall.
Une telle démarche s’explique, selon lui, par le fait que « l’enthousiasme suscité chez l’État, les populations et les investisseurs et la perspective de l’exploitation des hydrocarbures de qualité à des coûts compétitifs dans l’intérêt des populations soulèvent des questions multidimensionnelles et pluridisciplinaires de géologie, de pétrochimie, d’économie, de finances, de droit, de sciences politiques, de relations internationales qu’il convient d’aborder et auxquelles il faut trouver les meilleures réponses ». Se fondant sur la richesse de l’agenda du colloque et sur l’étendue de la participation des parties prenantes, Eric Lancelot, représentant de la Banque mondiale estime que c’est « un signe clair de l’engagement et de la capacité du Sénégal à promouvoir le développement durable et la gouvernance de l’industrie extractive ».
Mécanisme pour une gestion transparente
Selon lui, la publication des rapports de l’Itie par le Sénégal conforte la Banque mondiale dans l’idée que « la mécanique est désormais en place pour assurer la gestion transparente des industries extractives ». M. Lancelot juge les progrès de transparence dans le secteur encourageants, soulignant qu’ils correspondent à une période de découverte pétrolière et gazière.
Toutefois, l’expert de la Banque mondiale a rappelé que la transparence dans la gestion des ressources extractives doit passer aussi par des réformes dans le secteur. Il s’est félicité de l’adoption du Code minier et de la mise en place du Cos-pétrogaz et a encouragé le gouvernement du Sénégal à poursuivre les efforts de transparence afin de clarifier notamment le rôle des institutions impliquées dans le secteur en particulier celui des organisations de la société civile afin de mettre en place des mécanismes de décision et de gestion efficace.
« Il est essentiel aussi d’établir des règles claires de comptabilité fiscale pour le secteur conformément aux dispositions prévues dans les accords de partage de production et aux bonnes pratiques internationales, de renforcer les institutions du gouvernement en charge de la gestion du secteur. Ces bonnes pratiques éloigneront le Sénégal du syndrome de la malédiction du pétrole, propulseront le pays sur la voie d’une croissance rapide, inclusive et durable », a-t-il dit.
Le Premier ministre Mahammed Boun Abdallah Dionne a indiqué qu’au-delà des possibilités de reprofilage des économies africaines et d’attraction des investissements directs étrangers, les découvertes de gisement d’hydrocarbures induisent généralement des mutations géopolitiques importantes. « Ces mutations, on ne prend pas toujours le soin de les analyser pour en tirer des conséquences et des enseignements. C’est en cela que ce colloque revêt toute sa pertinence », s’est-il félicité.
Une loi d’orientation pour assurer une bonne répartition des revenus
A propos de la répartition des revenus pétroliers et gaziers, le Premier ministre a annoncé l’adoption d’une loi d’orientation qui s’inspirera des meilleures pratiques en cours en Afrique et dans le monde. Le but est de garantir une valorisation optimale des ressources mais aussi de préserver les intérêts des générations futures. « C’est dans cet esprit qu’il faut comprendre l’option résolue du gouvernement de procéder à la publication des contrats du secteur extractif, ce qui place le Sénégal parmi les membres du cercle restreint des pays qui divulguent la totalité de leurs conventions minières et pétrolières. Toutes les conventions, tous les accords et contrats seront publiés », a assuré Mahammad Boun Abdallah Dionne.
Un Institut de formation des métiers du pétrole et du gaz va être créé
Le gouvernement semble avoir pris toute la mesure des enjeux et des défis qui interpellent le Sénégal en tant que futur pays producteur de pétrole et de gaz. Le Premier ministre, Mahammed Boun Abdallah Dionne, est revenu sur les actes et initiatives posés par l’État, pour apporter les réponses exigées par cette nouvelle conjoncture qui se dessine pour le Sénégal. « Les exigences qu’induit l’entrée d’un État dans le cercle des pays producteurs de pétrole appellent à des ajustements et à la mise en œuvre d’un cadre dialectique soucieux de la rentabilité économique mais aussi des impératifs de développement durable.
De ce fait, l’expérience relative de nos administrations dans ce domaine postule un indiscutable renforcement de capacités », a-t-il déclaré. Pour faire face à cet écueil, le chef de l’État a pris la décision de mettre sur pied, au Sénégal, un Institut de formation sur les métiers du pétrole et du gaz (Inpg), a rappelé le Premier ministre. « Cet Institut sera érigé en pôle d’excellence de formation et prendra en charge l’essentiel de nos besoins en renforcement de capacités. Il s’agit d’un des projets essentiels formulés à travers le Cos-pétrogaz », a-t-il précisé.
Compte-rendu : Elhadji Ibrahima THIAM (Lesoleil)