Ouaga : Les ministres des Affaires étrangères du Burkina Faso, de la Guinée et du Mali ont profité d’une réunion tripartite qui s’est déroulée récemment à Ouagadougou, pour appeler les instances dirigeantes de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéo) à lever la mise au ban de leurs États, suite aux putschs survenus dans ces pays de la sous-région. Tout en déplorant ces « sanctions imposées selon eux de façon mécanique, ils ont réitéré leur attachement aux principes de non-ingérence dans les affaires intérieures des Etats ».
Ces gouvernements de transition entendent ainsi se serrer les coudes pour contrebalancer les menaces de la Cédéao. Pour couper le corset de l’organisation sous régionale, quoi de mieux que de se donner la main dans une alliance.
C’est ce front commun que ces juntes sont sur le point de mettre en place, pour atténuer les effets pervers de cette traversée du désert. Faisant ainsi sien, l’adage qui dit je cite : « Unis, nous resterons plus forts ».
Dans le communiqué final qui a sanctionné cette réunion, Mme Olivia Ragnaghnewendé ROUAMBA, ministre des Affaires Étrangères, de la Coopération Régionale et des Burkinabè de l’Extérieur et ses homologues Dr Morissanda KOUYATE et M. Abdoulaye DIOP ont réitéré la nécessité pour leurs pays à « mutualiser des moyens pour relever les défis sécuritaire, économique et humanitaire, le renforcement de leur relation tripartite par la dynamisation de l’axe Bamako – Conakry – Ouagadougou, ainsi que la concertation sur les questions sous régionales, régionales et internationales ».
Tout en se félicitant dans la foulée, « de la vision commune que partage leurs trois chefs d’État, laquelle vision s’inspire de l’engagement panafricain des pères fondateurs et des leaders historiques des trois pays en faveur de la souveraineté, de la paix, de la coopération et de l’intégration des peuples ».
Ce rapprochement que certains observateurs qualifient certes d’utopique, au regard des réalités du terrain, vient donner toutefois raison à l’ancien président ghanéen, le Dr N’Kwamé Krumah, père du panafricanisme romantique. Qui s’était battu bec et ongles en faveur de la mise en place des Etats-Unis d’Afrique, à travers un gouvernement continental. Mais en vain.
S’étant heurté au refus catégorique de ses pairs, qui avaient opté pour ‘’l’unité par approches successives’’ lors de la création de l’OUA en 1963 à Addis-Abeba en Ethiopie.
« Cette balkanisation du continent est d’ailleurs déplorée par l’ancien président Abdoulaye dans son ouvrage intitulé « Un destin pour l’Afrique ».
Quelques sursauts allant dans le sens d’union entre certains États de la sous-région s’étaient soldés par des échecs. C’est le cas de l’Union Ghana, Guinée, Mali ou l’Union Mali-Sénégal, pour ne citer que celles-ci.
Les détracteurs de cette démarche en faveur de cette triade parlent de simples velléités. Qui ne pourraient voir le jour, compte tenu du fait que le caractère transitoire de ces pouvoirs, ne pourrait leur permettre de construire une telle union dans la durée.
Sans oublier l’aspect sécuritaire qui demeure également le talon d’Achille de ces gouvernements. Le Burkina et le Mali étant en proie à des attaques djihadistes, devenues récurrentes.
C’est d’ailleurs pour contrer l’assaut de ces groupes djihadistes que le Mali a préféré se tourner vers la Russie. Qui a déployé Wagner, groupe de « mercenaires » sur le théâtre des opérations. La France étant considérée désormais à tort ou à raison comme le grand méchant, avec qui il ne fait plus bon de commercer.
Le Burkina serait sur le point d’emprunter la même parade, dit-on.
Seule la Guinée échappe pour le moment, à la poussée djihadiste du nord vers le golfe de Guinée. Un atout dont voudraient sans doute se servir le Burkina et le Mali, deux pays sahéliens, sans littoral, pour assurer leurs arrières.