Depuis trois mois, des milliers d’étudiants rwandais n’ont plus cours. En cause : la suspension totale ou partielle en plein milieu d’année scolaire de 10 universités privées du pays qui n’ont pas répondu aux exigences d’un audit sur la qualité de l’enseignement. Mais les étudiants et les universités ont bien du mal à comprendre cette décision.
Portail cadenassé, salles de classe vides… L’université Mahatma Gandhi de Kigali a des airs de campus fantôme. Mi-mars, les autorités rwandaises ont annoncé la suspension de ses programmes estimant que l’université manquait notamment de matériel et n’offrait donc pas une formation de qualité.
Une suspension jugée brutale et faite au dépend des étudiants, pour Litan Acharjee, un des enseignants. « Ce n’était pas la bonne décision. Une université n’est pas une épicerie que l’on peut fermer sans créer de problèmes. En raison de la suspension, nos 600 étudiants souffrent ». L’enseignant assure que depuis trois mois, l’université a fait beaucoup d’efforts pour se mettre aux normes dans l’attente d’un nouvel audit.
Amertume également pour Emmanuel, étudiant en médecine dans une université de province, partiellement suspendue. « Même s’il y avait un problème, il aurait peut-être été possible de le régler avant le début de l’année scolaire, mais là, le ministère décide au milieu de l’année de jeter des milliers d’étudiants à la rue. Au début de la suspension on avait des choses à faire, on se disait que ça nous ferait une petite coupure, mais le temps devient vraiment très long. » L’étudiant a déboursé près de 1 600 euros pour sa formation.
Mais pour Emmanuel Muvunyi, directeur général du Conseil de l’enseignement supérieur, ces suspensions sont faites pour le bien des étudiants. « Il n’est pas juste de dire que les étudiants perdent beaucoup pendant cette période de suspension, explique-t-il. C’est l’inverse, la suspension des programmes vise à s’assurer qu’ils suivent à l’avenir un enseignement de qualité ».
Les 10 universités concernées ont au maximum jusqu’à septembre pour se mettre en conformité au risque d’être définitivement fermées.