Tchad : Les affrontements entre éleveurs et cultivateurs au sud du Tchad, un sujet tabou ? Pour avoir réalisé des reportages sur ces tensions persistantes, deux journalistes ont été arrêtés et placés en garde à vue début août, avant d’être finalement relâchés. Les médias privés subissent des pressions des protagonistes et de l’administration locale pour ne pas rendre compte des conflits intercommunautaires, qui ont fait une centaine de morts depuis 2020. Reporters sans frontières (RSF) interpelle les autorités tchadiennes à ce propos.
Pour Sadibou Marong, directeur du bureau Afrique de l’Ouest de RSF, le dialogue national inclusif qui se tient actuellement doit promouvoir une meilleure protection des journalistes. Il a été joint par Christina Okello, de la rédaction Afrique.
« C’est assez nouveau cette année. Par exemple, en février, un journaliste d’une radio communautaire dans un village au sud du Tchad aussi, qui couvrait en direct des affrontements plus ou moins liés à cela, a été tué. Ce qui se passe actuellement, c’est que les reporters, d’après les témoignages que nous avons recueillis, craignent souvent d’aller sur le terrain parce qu’ils redoutent d’être menacés, ou souvent même d’être arrêtés arbitrairement.
Pour nous aussi, la couverture d’affrontements ne peut pas servir de prétexte à des arrestations arbitraires, ces journalistes n’auraient jamais dû être arrêtés, et ça c’est quelque chose sur lequel nous insistons fondamentalement. Ils doivent pouvoir travailler sans être inquiétés, ils doivent pouvoir travailler sans craindre pour leur sécurité, et donc le contexte de ce dialogue national doit pouvoir motiver une meilleure protection des journalistes, une meilleure protection et promotion de la liberté de la presse d’une manière générale, et arrêter les arrestations arbitraires. »