Thaïlande : Le roi de Thaïlande Maha Vajiralongkorn se rend vendredi dans la soirée dans la province de Nong Bua Lamphu (Nord), où les familles préparent les rites funéraires des disparus, au lendemain du massacre « incompréhensible » qui a fait 36 morts, surtout des enfants d’une crèche.
Le roi Rama X est attendu dans un hôpital de Nong Bua Lamphu au chevet des blessés, dans une très rare interaction directe avec ses sujets pour le monarque dont la figure est sacralisée dans le pays.
Le Premier ministre Prayut Chan-O-Cha a déposé durant l’après-midi des fleurs blanches devant le portail d’entrée de la crèche, où sanglotaient les proches des victimes.
« Je vous fait part de mes condoléances », a-t-il déclaré, avant de distribuer des chèques cartonnés géants de compensations, d’un montant de 110.000 bahts soit environ 3.000 euros.
Les parents endeuillés s’étaient recueillis plus tôt devant la crèche, une simple maison à l’aspect bien entretenu qui ne laisse pas deviner que l’une des pires tueries du pays y a eu lieu la veille.
Une mère sous le choc s’agrippe à la couverture de son enfant disparu et tient dans la main son biberon de lait à moitié rempli.
Certains enfants étaient âgés de seulement deux ans, comme le petit Kamram dont la mère Panita, 19 ans, est inconsolable. « C’est incompréhensible » souffle-t-elle, sa fille de 11 mois dans les bras.
« J’ai été très choquée et effrayée. Je ne pouvais pas dormir, je ne pensais pas que ce serait mes deux petits-fils », âgés de trois ans, dit leur grand-mère Buarai Tanontong, 51 ans, cramponnée à l’épaule de sa fille.
« Je ne peux toujours pas accepter ce qui s’est passé. L’assaillant, de quoi ton coeur est-il fait? », a écrit sur Facebook Seksan Srirach, le mari d’une institutrice enceinte de leur enfant et tuée à la crèche.
– Massacre –
Un ancien policier armé d’un pistolet 9 mm et d’un long couteau a tué jeudi 36 personnes, dont 24 enfants — 21 garçons et 3 filles –, dans un périple meurtrier qui a débuté dans une crèche du district de Na Klang vers 12h30 (06h30 GMT).
Il a ensuite pris la route et essayé de renverser des passants, jusqu’à se rendre à son domicile, « pas loin » de la crèche, selon la police. Il y a tué sa femme et leur garçonnet, puis s’est donné la mort, avant 15h00, soit trois heures environ après le début de la tuerie.
Vendredi après-midi, de petits cercueils blancs et violets étaient transportés par camion vers un temple bouddhiste où seront observés les rites funéraires avant crémation.
Après ce massacre « horrible », Prayut Chan-O-Cha a ordonné l’ouverture d’une enquête et demandé au chef de la police « d’accélérer les investigations ».
Les premiers éléments fournis brossent le portrait d’un assaillant, âgé de 34 ans, en proie à des problèmes d’addiction aux stupéfiants qui lui ont fait perdre en juin dernier son poste au sein de la police.
– Méthamphétamine –
« Tout le monde connaissait le tireur. C’était un type sympa mais plus tard, nous savions tous qu’il prenait de la meth », a expliqué Kamjad Pra-intr, une habitante venue soutenir les familles.
Des prélèvements sanguins sur le tireur n’ont pas révélé la présence de drogues dans son corps, a indiqué vendredi Damrongsak Kittiprapat, le chef de la police nationale.
« Il a eu une dispute avec sa femme » avant son coup de sang, a-t-il poursuivi, précisant que « rien d’irrégulier » n’avait été détecté dans son comportement lorsqu’il était apparu devant le tribunal le matin même du drame pour répondre aux accusations de détention de drogue.
Le responsable a aussi indiqué que son couteau avait été « sa principale arme » lorsqu’il a attaqué la crèche.
Ce n’est pas la première fois que la Thaïlande est endeuillée par une tuerie de cette ampleur. En février 2020, une fusillade perpétrée par un officier de l’armée avait fait 29 morts, notamment dans un centre commercial de Nakhon Ratchasima (Est).
Le drame de Na Klang rappelle l’étendue des problèmes liés à la drogue dans le royaume où les prix de gros et de vente sont tombés à des niveaux historiquement bas en raison de l’abondance de l’offre, selon les données publiées en 2021 par l’ONU.
La province rurale de Nong Bua Lamphu se trouve près du « triangle d’or », aux confins de la Birmanie et du Laos, considéré depuis des décennies comme le point central de la production de stupéfiants dans la région.