Si la réforme entamée par le gouvernement aboutit, le calvaire des retraités sera bientôt fini. En effet, les autorités étatiques veulent que les pensions de retraite atteignent les 98% du Salaire minimum interprofessionnel de croissance (Smic). L’annonce a été faite, hier, par le porte-parole du gouvernement lors d’une réunion préparatoire de la deuxième conférence sociale sur le thème: « La réforme des retraites : vers des régimes viables et inclusives ».
Le gouvernement du Sénégal reste sensible à la situation des retraités. Après avoir diagnostiqué la situation en profondeur, il a défini trois axes essentiels pour apporter des éléments de discussion qui feront le menu de la conférence sociale prévue les 20 et 21 avril prochains. Le premier point a porté sur l’Ipres. L’objectif du gouvernement est d’arriver à une reforme qui permettrait d’avoir une pension minimale égale à 98% du Smic. L’annonce a été faite hier par le ministre porte-parole du Gouvernement, Seydou Guèye, à l’issue d’une réunion interministérielle consacrée à la préparation de la deuxième conférence sociale. « Nous avons des retraités qui perçoivent une pension bimestrielle de 12.000 FCfa, donc des retraites assez dérisoires. Pour corriger cela, il va falloir agir sur les différents paramètres qui portent sur la chaîne de cotisation, la durée du stage, etc., pour qu’il y ait suffisamment de contributions », a déclaré le porte-parole du gouvernement.
Le deuxième point abordé au cours de cette rencontre a porté sur le Fonds national de retraite. Là encore, selon le ministre, les réformes vont porter sur les changements de paramètres pour valoriser les pensions des fonctionnaires et les amener au même niveau que les retraites servies par l’Ipres. A ce titre, a-t-il ajouté, deux initiatives ont été apportées dans les propositions de réforme : une première qui porte sur la systématisation d’un régime de retraite complémentaire et d’un système de régime sur-complémentaire. Et, parmi ces paramètres, certaines indemnités pourraient entrer dans la base de calcul pour définir le système de cotisation et de retraite. Le troisième secteur sur lequel devrait porter les réformes, selon Seydou Guèye, est celui de l’économie informel. « Il va falloir bâtir un système de contribution générale unique qui pourrait permettre au travailleur du secteur informel de pouvoir bénéficier d’une couverture maladie et d’un droit à la retraite », a soutenu le porte-parole du gouvernement.
Un quatrième point qui est la matrice, a ajouté M. Guèye, est la réforme de la gouvernance du système. Pour illustrer l’urgence, il a relevé que, déjà en 2005, le rapport à l’Ipres en matière cotisation était de 11 cotisants pour un bénéficiaire et 10 ans après, en 2015, le rapport s’est rétréci puisque maintenant nous avons un ratio de 5 cotisants pour un retraité. « Ce projet est l’une des réformes majeures en 2017 que le président de la République souhaiterait voir aboutir au même titre que la réforme du foncier avec la généralisation des titres fonciers », a fait savoir le ministre.
Consensus sur la méthode et la méthodologie de la conférence sociale
Le ministre porte-parole du Gouvernement, Seydou Guèye, a rappelé que la première conférence sociale avait abouti à la signature d’un Pacte de stabilité sociale et d’émergence économique (Pnsse) qui a permis une bonne évolution dans les relations sociales. « La problématique de la retraite qui va être le thème de la deuxième conférence sociale est une question prioritaire pour le président de la République et l’ensemble des partenaires sociaux. C’est une question qui, au départ, peut se présenter sous des aspects sociaux mais c’est une question éminemment économique puisque étant en relation avec l’axe 2 du Plan Sénégal émergent (Pse) qui porte sur une croissance inclusive et une société solidaire », a soutenu M. Guèye.
Lors du Conseil des ministres du 15 mars, le président de la République a donné des instructions fermes pour la mise en œuvre de cette conférence dans la perspective de créer les conditions d’une réflexion féconde sur la problématique des retraites en essayant d’aboutir à des consensus autour des réformes qui doivent porter sur les paramètres pour calculer et évaluer la retraite, des réformes pour une meilleure gouvernance de l’institution et des réformes du système du point de vue juridique. « La phase préparatoire a été très inclusive et très participative à travers des réunions sectorielles et des réunions tripartites qui ont permis d’avoir des consensus sur la méthode et la méthodologie qui devrait nous conduire à cette conférence sociale, mais également sur le diagnostic et le périmètre des réformes », a indiqué Seydou Guèye.
Pour le diagnostic, a-t-il souligné, trois questions centrales sont unanimement partagées par les participants : la vulnérabilité et la précarité des retraites malgré la valorisation, depuis 4 à 5 ans, des retraites tous les ans à 10%; la faiblesse structurelle des pensions et les dysfonctionnements institutionnelles.