La huitième victime de la tragique explosion de la bonbonne de gaz à Derklé a été inhumée ce lundi 9 octobre, au cimetière musulman de Yoff (Dakar). Le maire de la ville de Dakar, venu accompagner cette énième victime de cet accident qu’il qualifie d’un crime, ne décolère toujours pas. Ici, Barthélémy Dias a réitéré encore ses accusations d’«irresponsabilité notoire » contre le groupe Total Energies.
L’édile de Dakar a également dénoncé avec la dernière énergie l’inaction de l’Etat du Sénégal. « On n’attend pas de Monsieur le président de la République un tweet sur Twitter. On attend du président de la République que l’Etat du Sénégal se tienne débout à côté de cette famille dévastée et meurtrie. Et que l’Etat du Sénégal assume ses responsabilités », a-t-il martelé.
Il ajoute : « J’ai déjà dit qu’il faut retirer les bonbonnes de gaz Total sur le marché. Cela n’a pas été le cas. Nous avons tous vu le communiqué du groupe Total, qui démontre au besoin qu’elle reconnaisse sa responsabilité. Mais ce n’est pas au groupe Total de prendre cette responsabilité. C’est à l’Etat du Sénégal de faire retirer toutes les bonbonnes de gaz qui sont commercialisées par le groupe Total, et qu’on sache qu’est-ce qui s’est réellement passé ?
Selon le maire de Dakar, « l’Etat n’a pas du tout pris sa proposition en considération et n’a pas également apporté son soutien ni moral, ni financier, ni psychologique à la famille victime qui, pour lui, est totalement décimée ». Il rappelle, par ailleurs, qu’il reste encore des « grands brûlés » à l’hôpital Idrissa Pouye de Grand Yoff qui, selon lui, ont besoin d’une évacuation sanitaire à l’étranger.
« Le conseil que je leur donne, c’est de se rapprocher de cette famille et d’essayer de trouver un arrangement à l’amiable »
A l’endroit du groupe Total, Barthélémy Dias signe et persiste. « Je voudrais dire au groupe Total que je ne fais pas partie de ces personnes qui parlent en l’air. Le conseil que je leur donne, c’est de se rapprocher de cette famille et d’essayer de trouver un arrangement à l’amiable avant de se retrouver devant les tribunaux. Je voudrais informer le groupe Total que des avocats ont été contactés à Paris. S’il considère qu’au Sénégal, il ne doit pas nous respecter et ben il nous entendrons en France, parce qu’en France, ils ont des comptes à rendre. On ne peut pas accepter qu’un groupe comme Total commercialise des bonbonnes de gaz et que ces bonbonnes de gaz deviennent des instruments de mort », a-t-il insisté devant la famille éplorée.
Dias fils ne compte point baisser les bras si le groupe français ne réagit pas suite à ce conseil. « Si le groupe Total considère qu’il n’a aucune responsabilité envers cette famille, je lui dit que d’ici une semaine s’il n’y a pas de réaction, en tant que maire de maire, nous organiserons une très grande manifestation devant le siège du groupe Total à Dakar », avertit le maire de Dakar.
Pour finir, Barthélémy Dias a demandé à tous les dakarois d’arrêter d’acheter des bonbonnes de gaz Total. Pour lui, ces bonbonnes de gaz Total sont sources de « détresse et de mort » dans les maisons.
« Il n’est pas normal que des bonbonnes de gaz soient des bombes dans les maisons »
Mamadou Sow Diagne dit Modou Diagne, père de famille des victimes, pour sa part, a exprimé un sentiment de désolation. Toutefois, le vieux homme ne compte pas se plier à la volonté divine à l’issue de cet accident tragique qui a fini de décimer toute une famille de 11 personnes. Pour lui, « il n’est pas normal que des bonbonnes de gaz soient des bombes dans les maisons ».
Pour rappel, le drame est survenu le vendredi 15 septembre à Derklé (commune de Dieuppeul-Derklé) et a causé sept morts depuis lors. Et suite à la première réaction du maire de Dakar, qui avait annoncé une plainte, le groupe Total a finalement admis sa responsabilité et a procédé au rappel volontaire de ses produits défectueux.
A rappeler également que le ministre en charge de la Sécurité de proximité et de la Protection civile, Birame Faye, s’est rendu chez la famille des victimes avec le gouverneur et le préfet de Dakar, avec l’appui nécessaire venant de l’État du Sénégal. Et depuis lors, une enquête a été ouverte et suit son cours, selon le ministre du Commerce, Abdou Karim Fofana, par ailleurs, porte-parole du gouvernement.