Aliou Cissé : Autrefois raillé avec le nom »Bounaama Rasta’’, Aliou Cissé, le sélectionneur très critiqué du Sénégal jusqu’en 2022, est maintenant surnommé El Taktiko. L’homme est entré à jamais au panthéon du football Sénégalais. Finaliste de la Can 2002 et quart de finaliste du mondial de la même année en tant que joueur, Cissé est finaliste de la Can en 2021, en tant qu’entraineur. Le coach va envoyer le football sénégalais sur le toit de l’Afrique en 2022, en étant vainqueur de la Can.
Il va ensuite qualifier le Sénégal au mondial, avant de chuter lourdement en huitièmes de finale face à l’Angleterre (3 buts à 0). Interrogé dimanche sur son avenir au banc de l’équipe, Cissé répond : « Je suis toujours le sélectionneur du Sénégal ».
Pourtant, la question de son départ ne manquera pas de se poser avec plus d’acuité. Et il appartient à l’homme de comprendre que l’heure du départ a sonné, car non seulement il a fait son temps, mais le noyau dur de son équipe n’a plus 20 ans.
La fin de l’ère des cadres
En effet, Aliou Cissé a été le sélectionneur d’une génération et cette génération est aujourd’hui sur le déclin. Adjoint du Coach Karim Séga Diouf aux jeux olympiques de Londres en 2012, il a gardé l’effectif d’alors pour en faire l’ossature de l’équipe nationale de football. Sadio Mané, Idrissa Gana Guèye, Cheikhou Kouyaté… ont toujours constitué (avec Koulibaly) le noyau de l’équipe nationale depuis l’arrivée de Cissé sur le banc en mars 2015.
Or, ces garçons prennent de plus en plus de l’âge. Si Kouyaté a perdu le brassard de capitaine, c’est parce qu’il n’est plus un titulaire indiscutable, parce que de plus en plus limité sur le plan physique. Idrissa Gana Guèye a aujourd’hui 33 ans, il n’est plus à son âge d’or. Même Koulibaly montre depuis quelque temps des signes de faiblesses. Certes, ça peut être juste une mauvaise passe, mais il n’en demeure pas moins qu’il a soufflé ses 31 bougies. A cet âge, lui et Gana peuvent encore aller à la Can en 2024, mais il est peu probable qu’ils puissent porter les couleurs en 2026.
En d’autres termes, si le Sénégal veut rester compétitif, ces cadres ne peuvent plus être l’ossature de l’équipe. Il est donc impératif de partir avec une nouvelle génération. Certes Sadio pourra toujours les accompagner et Koulibaly dans une moindre mesure. Et pour cela, il faut un nouvel homme fort dans la tanière pour opérer cette rupture.
Donner une leçon à Augustin et Abdoulaye Sow, et…
Le Sénégal restera à jamais reconnaissant de Aliou Cissé et de sa génération, mais il y a des moments où il faut savoir prendre les bonnes décisions quoique difficiles. El Tactico doit être le premier à le comprendre en partant de lui-même, avec tous les honneurs. Il doit à tout prix éviter le syndrome du troisième mandat chez les politiques. Dans le langage du football, il s’agit de la compétition de trop, ici la Can 2024.
Avec la notoriété acquise, Cissé voit les portes du football s’ouvrir devant lui. Il peut devenir entraîneur dans un club africain ou même européen. Il peut aussi être sélectionneur dans une équipe nationale en Afrique afin d’inaugurer l’air des ‘’sorciers noirs’’. Dans un autre registre, il peut aussi être consultant ou un fédéral à la Caf ou à la Fifa.
C’est dire donc qu’il a plein d’opportunités. Il lui reste donc, lui et la fédération, de faire preuve d’intelligence, de savoir s’arrêter au meilleur moment afin de sortir par la plus grande porte de l’histoire du football sénégalais. En cela, le sportif qu’il est donnera une bonne leçon aux politiques, d’abord à ceux qui l’entourent (Augustin Senghor, Abdoulaye Sow, et Diattara), mais aussi à celui qui est au sommet de l’Etat.