Deux jours après l’attaque-suicide, sept suspects ont été arrêtés au Royaume-Uni dans le cadre d’une investigation s’orientant vers « un réseau ».
Au surlendemain de l’attentat-suicide survenu à Manchester (Royaume-Uni), sept suspects ont été arrêtés dans le cadre d’une enquête s’orientant vers « un réseau », selon la police britannique. Par ailleurs, le niveau d’alerte a été relevé et les vingt-deux morts ont été identifiés. Le point sur la situation.
L’enquête porte « sur un réseau »
Selon le chef de la police de Manchester, « il est très clair que l’enquête porte sur un réseau », au regard du mode opératoire de l’attaque qui a fait vingt-deux morts et cinquante-neuf blessés lundi soir au Manchester Arena à la fin du concert de la chanteuse américaine Ariana Grande, diva du R’n’B et coqueluche des adolescents.
Les autorités ont par ailleurs confirmé que le kamikaze, identifié mardi comme étant Salman Abedi, un Britannique de 22 ans d’origine libyenne né et ayant grandi à Manchester, n’avait vraisemblablement pas agi seul, comme l’avait déjà évoqué plus tôt dans la journée la ministre britannique de l’intérieur, Amber Rudd.
Le kamikaze connu des services britanniques
Amber Rudd a déclaré à la BBC que Salman Abedi était connu des services de sécurité britanniques avant son passage à l’acte.
La ministre a par ailleurs déploré que des éléments de l’enquête aient fait l’objet de fuites à l’étranger, ajoutant que Londres avait informé ses alliés que cela ne devait pas se reproduire. Des éléments biographiques concernant le kamikaze ont été diffusés notamment par des sources proches des renseignements américains, citant leurs homologues britanniques. Seule l’identité du tueur présumé de la Manchester Arena a été divulguée par les autorités britanniques.
Selon des sources proches du renseignement américain, citant leurs homologues du Royaume-Uni, Salman Abedi était rentré récemment d’un séjour en Libye. Le renseignement britannique tente de vérifier la réalité de ce séjour et de déterminer s’il a pu, à cette occasion, entrer en contact avec des militants de l’EI. Cette dernière a revendiqué l’attentat mardi après-midi ; son organe de propagande, Amaq, a également menacé d’autres attaques.
Une source au sein des services libyens de sécurité a par ailleurs annoncé mercredi les arrestations du père et du frère de Salman Abedi en Libye. Ce dernier aurait dit qu’il « appartenait à l’EI avec son frère Salman Abedi (…) et il a reconnu qu’il était présent au Royaume-Uni durant la période de préparation de l’attentat », sans qu’il soit possible de vérifier ces assertions.
La sécurité renforcée
Londres a porté, mardi soir, l’état d’alerte terroriste du niveau « grave » au niveau « critique », une première depuis 2007, signifiant un risque d’attentat imminent. La première ministre Theresa May a également annoncé la mobilisation de renforts puisés dans l’armée afin d’épauler la police. C’est la première fois depuis 2003 que des militaires patrouilleront dans les rues du pays.
Des soldats ont été déployés mercredi près du Parlement, du palais de Buckingham, résidence officielle des souverains britanniques, et sur d’autres sites sensibles du pays. Les deux chambres du Parlement sont fermées aux visiteurs, et la relève de la garde royale, qui attire de nombreux touristes, a été annulée.
Une minute de silence sera observée jeudi à 11 heures à travers le Royaume-Uni en hommage aux victimes. Les drapeaux seront mis en berne sur les bâtiments gouvernementaux jusqu’à jeudi soir. Quant à la campagne en vue des élections législatives du 8 juin, elle a été interrompue lundi soir ; elle reprendra jeudi.
Les victimes identifiées
Toutes les victimes de l’attentat ont été identifiées et leurs proches prévenus, ont indiqué les autorités, précisant qu’un officier de police se trouvait parmi elles.
Dans cette liste figure Saffie Rose Roussos, 8 ans. La « une » du quotidien populaire The Sun affichait la photo de cette petite brunette souriante face à celle du kamikaze, contrastant en légende « la pureté » et « le mal ».
Le bilan pourrait encore s’aggraver : une vingtaine des 64 blessés hospitalisés – parmi lesquels douze ont moins de 16 ans – restaient en soins intensifs mercredi.
Theresa May écourte son G7
La première ministre britannique, Theresa May, va écourter sa présence au sommet du G7 qui se tient en fin de semaine en Sicile en raison de l’attentat de Manchester.
Elle prévoit de ne passer qu’une journée, celle de vendredi, à Taormina en compagnie de ses collègues des six autres nations les plus industralisées de la planète.
Les messages de solidarité affluent
Les footballeurs de Manchester United – la formation mancunienne a disputé mercredi soir une finale décisive de Ligue Europa à Stockholm, s’imposant face à l’Ajax d’Amsterdam –, ont porté un brassard noir.
d’amour à la ville : « Je souffre avec vous. Mon cœur est avec vous. Je me sentirai toujours proche de vous. » Un milieu de terrain du club, l’Ivoirien Yaya Touré, ainsi que l’agent de ce dernier, ont annoncé, mercredi, leur intention de donner 100 000 livres (115 000 euros) pour aider les victimes. L’agent a dit être en contact avec le Manchester Evening News afin que le journal local les aide à « envoyer [ces fonds] aux gens qui en ont vraiment besoin ».
Le club de Chelsea, sacré champion d’Angleterre, a pour sa part annoncé qu’il annulait son défilé célébrant le titre, prévu dans les rues de Londres dimanche 28 mai. « Nous ne voulons en aucun cas détourner des ressources importantes par un événement supplémentaire dans les rues de Londres », explique le club.
Des dirigeants du monde entier ont condamné l’attentat et fait part de leur solidarité.