Alexis Thambwe Mwamba est visé par une plainte pour crime contre l’humanité en Belgique, c’est ce que nous apprend la lecture du quotidien belge La Libre Belgique. C’est un avocat belge qui est à l’origine de la plainte, introduite, selon le journal, il y a moins d’un mois. L’avocat représente les familles des victimes du crash d’un avion dans l’est de la RDC, abattu par le mouvement rebelle du RCD, le 10 octobre 1998, dont l’actuel ministre de la Justice était l’un des responsables. Il avait lui-même revendiqué l’attaque sur les ondes de RFI.
Nous sommes en 1998 dans l’est de la RDC et la seconde guerre du Congo fait rage. Les rebelles du RCD, soutenus par le Rwanda, affrontent l’armée du président Laurent-Désiré Kabila. Le 10 octobre, alors que les combats se concentrent autour de la ville de Kindu, un Boeing 727 de la compagnie Congo Airlines, surnommée la CAL, est abattu par un tir de missile. A son bord une cinquantaine de personnes.
Le lendemain sur RFI, l’attaque est revendiquée par Alexis Thambwe Mwamba, à l’époque responsable politique du RCD : « Nous avons abattu aujourd’hui, à Kindu, un avion de la compagnie CAL qui venait de Kinshasa. Il y avait à bord une quarantaine de militaires et un armement militaire extrêmement important. Nous avons abattu un avion civil, c’est vrai, mais parce que nous avions des informations précises que les renforts venant de Kinshasa arrivaient à Kindu par un avion civil ». Une version démentie par la compagnie aérienne et de nombreux témoins cités par La Libre Belgique. Ils affirment que l’avion « décollait » de Kindu avec à son bord 43 civils dont des femmes et des enfants cherchant à fuir les combats.
Les familles des victimes et les ONG parties civiles affirment avoir essayé longtemps de porter l’affaire devant la justice congolaise avant de se retourner vers la justice belge. La plainte était recevable selon leur avocat Alexis Deswaef, car Alexis Thambwe Mwamba a une résidence en Belgique depuis 19 ans et y détient un permis de séjour permanent. La justice belge a donc une compétence directe à ce titre puisque le lien avec le royaume est effectif. C’est aussi le cas pour sa fille, Ngalula Fleur Thambwe Mwamba, contre qui la plainte porte aussi, cette fois pour détournement de fonds publics. La plainte porte d’ailleurs aussi sur des faits plus récents, des traitements inhumains et dégradants, comme des actes de torture commis au Congo sous la responsabilité d’Alexis Thambwe Mwamba au titre de son mandat actuel de ministre de la Justice.
rfi.fr