En Centrafrique, les autorités recherchent activement les membres présumés d’un mouvement politico-militaire congolais, le FCCPD de John Tshibangu. Ce proche de l’ex-rébellion du M23 est soupçonné d’avoir tissé des liens avec des groupes armés centrafricains issus de l’ex-Seleka. Depuis vendredi, trois personnes ont été arrêtées. Des enquêtes manifestement déclenchées après la venue il y a trois semaines, du ministre congolais des Affaires étrangères Léonard She Okitundu.
C’est le ministre de l’Intérieur, Jean-Serge Bokassa, en personne, qui a dirigé vendredi l’arrestation à Bangui de Freddy Libeba et Alexandre Mitshiabu, respectivement, chargé des opérations et directeur du renseignement du FCCPD. Lundi, un troisième homme a été arrêté. « Il s’est présenté comme leur comzone à Bambari, ce qui démontre une organisation présente dans des endroits sensibles », indique le ministre qui confirme que les enquêteurs soupçonnent des liens entre ce groupe et « des mouvements issus de l’ex-Seleka ».
Freddy Libeba apparaît dans le rapport d’experts de l’ONU de décembre 2016. Il serait arrivé à Bangui en juillet de l’année dernière. Selon une source proche de l’enquête, il vivait en RCA sous une fausse identité et aurait été chargé par le leader du FCCPD, le colonel John Tshibangu, de recruter des hommes parmi la diaspora congolaise, et de conclure un accord avec un ancien leader de l’ex-Seleka Joseph Zoundeko en vue d’éventuelles opérations en RDC comme en Centrafrique. Depuis Zoundeko a été tué, mais les autorités soupçonnent le FCCPD de participer aussi aux opérations de la Coalition dans l’est de la RCA.
John Tshibangu dément les accusations
Selon cette source, plusieurs ex-officiers congolais appartenant du FCCPD seraient présents sur le sol centrafricain. John Tshibangu balaye ces accusations : « L’effectif que nous avons, est un effectif plus nombreux que cela de la Seleka. Pourquoi je vais aller solliciter le groupe Seleka pour venir me soutenir ? Nous, on n’a pas de lien avec les rebelles centrafricains, même Zoundeko qui est mort, que son âme repose en paix ; même Noureddine, je ne les ai jamais rencontrés. Ce sont des fausses accusations ».
Pourtant, John Tshibangu disposerait d’un passeport centrafricain au nom de Samuel Nguerefara dont RFI a pu consulter une copie. Passeport émis à Bangui le 21 août 2013 et signé en personne par le ministre de la Sécurité et de l’Immigration de l’époque, un certain Noureddine Adam, la veille de son départ du gouvernement.
Pour John Tshibangu, ses deux hommes étaient à Bangui parce qu’ils ont de la famille sur place. Il accuse Joseph Kabila d’organiser la traque des opposants à l’intérieur comme à l’extérieur de la RDC et dit craindre pour leur vie s’ils venaient à être extradés. Aucune demande d’extradition n’a été formellement envoyée par Kinshasa pour l’instant, mais la volonté en a été exprimée, indique-t-on à Bangui.