« Ici, il y avait ma maison. » Il aura suffi d’une seule braise emportée par le vent pour que la propriété d’Albertina Gomez parte en feu dans la communauté de Buena Vista à San Buenaventura. « Poussière, tout a été réduit en poussière », déplore Albertina Gomez.
Dans ce petit bourg, enfoncé dans la jungle amazonienne, quatre autres foyers ont complètement brûlé. Des débris de verres jonchent le sol. Un ventilateur n’a pas fini de fondre. Autour, les maisons sont désertes. Quarante-cinq personnes ont été mises à l’abri dans une école. Les familles sont parties, mais la fumée âcre persiste. La communauté a aussi perdu de nombreuses terres. Des champs de cacao, de bananes. Il ne reste plus rien. Dario est agriculteur et il est très inquiet pour la suite : « Aujourd’hui ça va, mais qu’allons-nous manger demain ? Par exemple, ce que j’allais pouvoir récolter, dans quelques mois, il n’y a plus rien, tout a brûlé, que vais-je manger demain ? »
L’incendie serait parti, il y a quatre mois, d’un chaqueo. Le principe : brûler une terre pour la rendre fertile. Sauf qu’avec la sécheresse et l’absence de pluie, le feu est devenu incontrôlable. De l’autre côté de la rivière Béni, la communauté Carmen Flora tente à son tour de maîtriser les flammes. Nous naviguons quelques minutes dans une brume qui irrite la gorge, pour arriver aux premières habitations. Ici, les logements sont en bois, bambou, feuilles de palmiers séchées, et donc facilement inflammables. Teresa Limpia s’active, machette dans le dos. C’est à son tour d’aller défendre l’Amazonie : « Toutes les activités de la communauté ont été suspendues, les classes par exemple fermées. À cause de la fumée, mais aussi pour que ceux qui ont sont capables puissent aller combattre le feu dans la forêt, explique Teresa. Regarde le feu est en train de se réactiver là-bas. »