Chine : Au lendemain d’un week-end de contestation contre la politique « zéro Covid-19 », la plupart des Bourses ont reculé le 28 novembre. Les investisseurs redoutent un nouveau ralentissement de l’économie chinoise.
C’est un ralentissement qui nuirait à toutes les entreprises très sino-dépendantes comme Apple pour la production de son iPhone, le Coréen Samsung ou encore les multinationales nippones. Les actions de ces sociétés ont piqué du nez au lendemain de ces manifestations disséminées à travers tout le pays, plombant l’humeur des marchés.
Un ralentissement chinois aurait aussi des conséquences immédiates sur la demande de pétrole, dont la Chine est le premier consommateur au monde, d’où le plongeon des marchés pétroliers. Les investisseurs sont donc très préoccupés par cette contestation naissante et surtout par la façon dont Xi Jinping va y répondre pour préserver à la fois la paix sociale et l’économie.
L’économie chinoise patine depuis l’apparition du coronavirus
Effectivement, la pandémie et le choix d’un confinement strict ont mis un coup d’arrêt au modèle de croissance à 5% en vigueur en Chine depuis une trentaine d’années. La Chine n’arrive pas à reprendre son élan. Son économie souffre aujourd’hui de maux multiples, antérieurs à la pandémie. Mais c’est bien le Covid-19 et l’impossibilité d’en sortir qui mine aujourd’hui la reprise.
Car la politique du « zéro Covid-19 » détruit, et la production et la consommation. Avec le regain pandémique actuel, 20% des centres névralgiques de l’industrie et du commerce chinois sont sous cloche. Plus d’un tiers de la population est aujourd’hui confinée. Cette situation devenue insupportable sur le plan individuel est aussi intenable pour l’économie.
Xi Jinping peut-il renoncer à sa politique « zéro Covid-19 » ?
Les conséquences sanitaires seraient terribles, estiment les analystes. Lever les restrictions provoquerait immédiatement une explosion du nombre de cas et de morts, faute d’immunité collective suffisante. Une étude scientifique table sur un million et demi de morts parmi les plus âgés en cas de vague d’un variant Omicron non couvert par le vaccin chinois.
our laisser le coronavirus circuler, et donc développer l’immunité collective, il faudrait que le système de santé soit en mesure d’y faire face. Or le vaccin chinois est peu efficace, le taux de vaccination est d’ailleurs assez faible parmi les personnes âgées, les plus exposées au risque létal du Covid-19.
Et l’hôpital manque cruellement de lits et de moyens pour supporter une vague d’urgence que ne manquerait pas de provoquer le renoncement au « zéro Covid-19 ». C’est pourquoi les investisseurs sont persuadés que l’économie chinoise souffrira tant que le risque Covid persistera.
Qu’est-ce qui pourrait changer la donne ?
Que la Chine importe les vaccins à ARN messager ayant fait leur preuve en Occident, c’est ce que suggèrent plusieurs économistes. Une hypothèse qui parait politiquement irréaliste. Ce mardi matin, la perspective d’une conférence de presse des autorités chinoises a fait rebondir la Bourse de Hong Kong.
La réponse politique de Xi Jinping à cette défiance populaire qui s’exprime d’une façon totalement inédite sera scrutée de près par les marchés occidentaux. Surtout par les sociétés étrangères présentes en Chine. Si la stabilité sociale et la croissance vigoureuse de la consommation locale qui les ont attirés venaient à s’estomper, elles pourraient à l’avenir réviser leur présence.
Dans les conditions sanitaires actuelles, leur activité est aujourd’hui très compromise. Et à moyen terme, elles redoutent que le climat social exceptionnel, les bas salaires, la disponibilité, la docilité de la main d’œuvre chinoise, jusqu’alors garanties par ce régime de fer, soient remis en cause par une vague de contestation.