Madagascar, grande île-État de l’océan Indien où se tient jeudi le premier tour de la présidentielle, est un des pays les plus pauvres de la planète malgré des ressources naturelles considérables. Cette élection doit clore une année au climat politique tendu. Sur la ligne de départ : trois candidats sont toujours en lice sur les treize du début, les dix autres ayant décidé de boycotter jusqu’au bout le processus électoral. Le président sortant, Andry Rajoelina, continue de cristalliser les tensions.
Biodiversité exceptionnelle
L’île est la quatrième plus grande au monde avec une surface de 587 000 km2, supérieure à celle de la France. Elle compte près de 29 millions d’habitants.
Le pays est régulièrement balayé par des cyclones et des tempêtes tropicales. En février, Freddy a tué au moins sept personnes. En 2022, Batsirai avait fait déjà plus de 120 morts, détruit des milliers de maisons et dévasté les récoltes.
Madagascar jouit d’une biodiversité exceptionnelle, mais de nombreuses espèces animales et végétales, dont certaines sont menacées, sont victimes du trafic : bois de rose, tortues, lémuriens, reptiles, hippocampes.
Vanille, l’or vert
Le pays est le premier producteur mondial de vanille. Largement utilisée dans la parfumerie et en pâtisserie, l’épice est l’une des plus chères au monde, après le safran.
Les exploitations, principalement dans le nord-est de l’île, ont la particularité de devoir être pollinisées manuellement, contrairement à d’autres régions productrices comme l’Amérique du Sud, où la fécondation de la fleur est assurée par une abeille.
Après la pandémie du Covid, le gouvernement a imposé un prix plancher fixé à 250 dollars le kilo, pour se prémunir d’un effondrement brutal du marché. Mais cette politique a conduit à une impasse en poussant les acheteurs étrangers vers d’autres pays producteurs pratiquant des prix moins élevés.
Les exportations ont chuté, passant à 546,6 millions de dollars en 2022, contre 617,4 millions en 2021, selon la Banque centrale de Madagascar. Le gouvernement a récemment annoncé un retour vers une libéralisation du marché.
Un pays pauvre confronté à de multiples crises
Malgré ses richesses naturelles, Madagascar est en proie depuis des décennies à une faible croissance laissant une large partie de la population plongée dans la misère.
Le pays affiche un des taux de pauvreté les plus élevés de la planète, atteignant 75 % en 2022, selon la Banque mondiale. Le revenu par habitant est inférieur à 500 dollars par an.
L’économie prévoit une croissance à 4 % pour 2023, insuffisante dans un pays qui connaît par ailleurs une croissance démographique rapide.
Une vaste zone au sud de l’île est touchée par la pire sécheresse jamais connue depuis quarante ans. Au moins 1,3 million de Malgaches sont victimes de malnutrition et le territoire est le premier confronté à une détresse alimentaire liée au réchauffement climatique, selon l’ONU.
Des crises politiques à répétition
Secoué depuis plus d’un mois par des manifestations à l’appel de l’opposition, qui réclame une présidentielle « juste et équitable », Madagascar connaît depuis son indépendance de la France en 1960 des crises politiques successives.
Le premier président de la République malgache, Philibert Tsiranana, est contraint de remettre le pouvoir à l’armée en 1972 après un soulèvement populaire réprimé dans le sang.
Son successeur en 1975, Didier Ratsiraka, est lui aussi poussé à la démission après un mouvement de contestation au début des années 1990, avant de revenir en 1996.
Le millionnaire Marc Ravalomanana lui succède en 2002, après une crise postélectorale dégénérant en affrontements armés entre ses partisans et ceux de Ratsiraka. M. Ravalomanana est réélu en 2006.
L’ère Rajoelina
En 2009, Andry Rajoelina, actuel chef d’État alors maire d’Antananarivo en conflit avec le régime, réunit plus de 20 000 personnes dans la capitale lors de manifestations émaillées de violences. Les militaires remettent le pouvoir à M. Rajoelina, qui doit toutefois attendre 2018 pour être finalement élu.
En juin, la presse a révélé qu’il avait été naturalisé français en 2014. Selon ses détracteurs, le président sortant a dès lors perdu sa nationalité malgache et ne peut ni se présenter à une élection ni gouverner.
Le rejet par la justice en septembre de trois recours réclamant l’invalidation de sa candidature a déclenché une vague de manifestations à l’appel de l’opposition.
Cinq choses que vous devez savoir sur Madagascar (lepoint.fr)