Comment s’appelaient « la femme en rose », « l’introvertie » ou « la globe-trotteuse » avant de mourir ? Interpol a lancé mardi un appel au public pour identifier 46 femmes tuées ou décédées dans des conditions suspectes depuis un demi-siècle dans six pays d’Europe.
Un tatouage, un collier, une particularité physique: l’organisation internationale de coopération policière, dont le siège est à Lyon (centre-est de la France) publie sur son site internet des éléments d’enquête pour rendre leur nom à ces femmes rebaptisées ainsi par les enquêteurs.
« La moindre information peut être décisive et faire la lumière sur ces mystères », espère le secrétaire général d’Interpol Jürgen Stock, cité dans un communiqué.
« Qu’il s’agisse d’un souvenir, d’un renseignement ou d’une anecdote, le détail le plus infime suffit parfois à faire surgir la vérité », ajoute-t-il, en espérant « apporter des réponses à leurs familles et obtenir réparation ».
Interpol avait lancé en mai 2023 une campagne inédite baptisée « Identify me » (identifiez-moi), pour rendre leur nom à 22 femmes retrouvées en Allemagne, en Belgique et aux Pays-Bas depuis les années 70.
Ce premier appel à témoins avait permis d’identifier Rita Roberts, une citoyenne britannique de 31 ans découverte à Anvers plus de trente ans plus tôt. Des proches de la victime avaient reconnu le tatouage de la jeune femme, représentant une fleur, sur les documents mis en ligne par Interpol.
L’organisation a décidé d’élargir cette campagne à de nouveaux dossiers non résolus, « des cold cases », et en incluant trois autres pays – la France, l’Espagne et l’Italie.
– Jean, Nelly et Ibiza –
En publiant des extraits de leur « notice noire » – des alertes en principe réservées à l’usage de la police – l’organisation espère nommer « la femme aux papillons tatoués » retrouvée dans la Seine en 2016 ou « la femme enceinte aux colliers de grenat », découverte dans un bois de Bourgogne (centre) en 2001.
Pour chaque victime, l’organisation publie sur son site une reconstitution faciale, des détails concernant l’endroit et l’état dans lequel elle a été retrouvée ou des photos de vêtements ou de bijoux découverts sur les lieux.
Sept de ces femmes ont été retrouvées en France, entre 1982 et 2021. L’une d’elles, découverte en contrebas d’une corniche près de Villefranche-sur-mer (sud-est) en mars 2008, avait entre 60 et 75 ans et portait à l’annulaire gauche une bague gravée « Jean et Nelly, 25.06.1960 ».
Une autre victime a été retrouvée dans la Seine en 2016. Elle avait de nombreux tatouages, dont des papillons tatoués sur les hanches, sur la cheville gauche, à l’intérieur du poignet et sur le haut du bras droit. Un billet de 100 bolivars vénézuéliens a été retrouvé dans sa poche.
Six dossiers ont été fournis par la police fédérale belge, dont celui de « la femme à la canne », âgée de 60 à 80 ans, retrouvée dans la Meuse à Liège en 2010, ou d’une autre découverte dans le port d’Ostende en 2022 vêtue d’un T-shirt portant l’inscription « Ibiza ».
« Regardez ces femmes (…) pourraient-elles être votre amie, votre cousine, votre collègue, votre patiente, votre voisine, disparue subitement? » demandent dans la campagne vidéo la chanteuse Axelle Red ou l’actrice Carice van Houten.
« Vous pouvez les aider. Rendez à ces femmes leur identité », appellent-elles dans ce clip.
En France, l’athlète Marie-José Pérec et la comédienne et écrivaine Sarah Biasini sont les ambassadrices de la campagne.