Comores : L’Assemblée nationale comorienne vient d’adopter le projet de loi portant sur « l’organisation et fonctionnement des partis et des groupements de partis politiques ». Cette nouvelle loi offre surtout un statut légal au leader de l’opposition.
21 sur les 23 députés de l’Assemblée nationale des Comores ont voté le projet de loi sur « l’organisation et fonctionnement des partis politiques ». Cette nouvelle loi encadre le fonctionnement de l’opposition et surtout offre un statut à son chef.
Ce dernier sera issu du parti de l’opposition qui a le plus grand nombre de parlementaires ou d’élus communaux. Le cas échéant, le chef de l’opposition sera le leader du parti politique ayant obtenu le plus de suffrages exprimés lors de la dernière élection présidentielle. Il disposera dès lors de ressources humaines, financières et matérielles liées à sa fonction de chef de l’opposition.
Cette loi est issue des assises et du dialogue national tenus respectivement en 2018 et 2021, lesquels avaient été boycottés par le Front commun des forces vives contre la dictature.
L’opposition n’est pas convaincue
Pour le gouvernement, ce texte renforce la démocratie dans le pays et offre à l’opposition un rôle important et légal dans la gestion des affaires de l’État. Houmed Msaidié, porte-parole du gouvernement, estime qu’il y a lieu « de se féliciter de l’adoption de cette loi ». C’est selon lui « un approfondissement du processus démocratique du pays » puisque l’opposition a « un statut légal qui lui permet d’être au courant de tout ce qui se passe au niveau de l’Etat et donc de réagir en conséquence. »
Une lecture qui diffère de celle de l’opposition pour qui cette nouvelle loi est un coup d’épée dans l’eau. Plus que le texte lui-même, c’est son application qui semble causer des inquiétudes. Me Mahamoud Ahamada, candidat à la dernière élection présidentielle et membre du Juwa, principal parti de l’opposition, estime que cette loi ne changera rien puisque Azali Assoumani « s’est caractérisé par sa nature dictatoriale ». « Quel que soit le vote qu’il aura organisé à l’Assemblée, jamais il ne changera, insiste l’opposant. Dans l’histoire du monde, aucun tyran ne s’est transformé en démocrate ».
Pour qu’une formation politique soit considérée comme parti de l’opposition, elle doit remplir trois conditions dont celle de devoir faire une déclaration officielle et publique de son appartenance à l’opposition et surtout la faire enregistrer au ministère de l’Intérieur.