Côte d’Ivoire : En Côte d’Ivoire, le Conseil Hévéa-Palmier à Huile a suspendu, depuis lundi 12 décembre 2022, les exportations d’huile de palme dans la sous-région. C’est une mesure temporaire pour la Côte d’Ivoire qui produit en moyenne 500 000 tonnes d’huile de palme par an. Le pays veut mieux réguler son marché intérieur et éviter des pénuries.
Tout est parti d’un constat dressé par la Direction du commerce intérieur : le marché traverse des ruptures d’approvisionnement. « Certains formats d’huile de palme ne sont plus disponibles en magasin », indique un agent de ce département. Une « évasion » qui se fait au profit des marchés extérieurs, où l’huile de palme est vendue plus cher, poursuit cette source. Avec la crise économique liée à la guerre en Ukraine, la Côte d’Ivoire a décidé de plafonner les prix d’une vingtaine de produits pour éviter une inflation généralisée qui impacterait les consommateurs. L’huile de palme produite est officiellement vendue 1 200 francs CFA le sachet en vrac, et 26 500 francs CFA le bidon de 25 litres.
« Ces difficultés sont liées au plafonnement », reconnaît Kobenan Kouassi Adjoumani, le ministre ivoirien de l’Agriculture. « Il y a des commerçants véreux, explique-t-il, qui plutôt que de vendre l’huile de palme sur le marché ivoirien, le contournent et exportent de façon frauduleuse une partie du produit à leur disposition ». Pour faire face à cette situation, le Conseil Hévéa-Palmier à Huile a suspendu les exportations. Le but est de réguler les flux.
Une « mesure conservatoire temporaire »
Si, dans un communiqué, le groupement des industriels affirme jouer le jeu et approvisionner le marché, sur le terrain, les réalités sont toutes autres. La Brigade de contrôle rapide du ministère du Commerce constate tous les jours l’absence de bidons d’huile dans la plupart des magasins d’Abidjan. Des investigations sont en cours pour cerner où se situe le problème. « Est-ce au niveau des grossistes ou des demi-grossistes ? s’interroge le commandant Armand Koffi. Ces personnes usent-elles de subterfuges pour spéculer sur les produits ? Ou bien, le problème est-il lié aux usines, qui disent approvisionner le marché et qui ne le font pas en réalité ? »
Un autre acteur de la filière s’interroge sur la porosité des frontières, notamment avec le Ghana : « Cette mesure est-elle effectivement appliquée ? Le produit est-il exporté sous d’autres formes ? » Selon les statistiques de la BCEAO, sur les quatre premiers mois de 2022, les exportations d’huile de palme ont augmenté de 165% et ont rapporté 212 milliards de francs CFA.