Cyberattaque : “Les dérives du numérique constituent aujourd’hui l’une des menaces les plus sérieuses à la paix, à la sécurité et à la stabilité de nos pays ; menaces d’autant plus difficiles à combattre qu’elles sont diffuses et protéiformes”, disait Macky Sall, le 24 octobre dernier lors du Forum de Dakar sur la Paix et la Sécurité. Franck Kié, expert en cybersécurité, fondateur de Ciberobs, partage les craintes du chef de l’État sénégalais.
L’Ivoirien en veut pour preuve l’attaque subie récemment par l’Autorité de Régulation des Télécommunications et des Postes (ARTP). “Hier, c’était l’ARTP, demain, ce sera la primature ou la présidence, prévient-il, dans un entretien accordé à Jeune Afrique. Plus personne n’est à l’abri. Rappelez-vous les hôpitaux attaqués en Afrique du Sud pendant la crise du Covid-19. Désormais, il faut s’attendre à ce que n’importe quel service soit visé : administration, services de délivrance de passeports électroniques, opérateurs chargés de la distribution de l’eau, de l’électricité, de l’énergie. Voilà pourquoi il faut prendre des mesures dès maintenant, afin d’anticiper”.
Selon une récente étude, 64 % des entreprises africaines ont été victimes d’une attaque de ce genre en 2021. La nouveauté, c’est l’irruption d’un groupe étranger comme Karakurt dans ce genre de raid sur le continent. Une nouvelle donne qui préoccupe Franck Kié .
“L’épisode de l’ARTP [le groupe Karakurt avait jusque-là commis la majorité de ces attaques en Amérique du Nord] montre que les attaques étrangères arrivent sur le continent, ce qui pourrait être encore plus dangereux, si l’Afrique devenait la cible de groupes avec des moyens conséquents, parfois sponsorisés par des États”, explique-t-il.