La Commission d’enquête de l’ONU sur les crimes commis en Éthiopie ne sera pas renouvelée. Un porte-parole des Nations unies l’a annoncé ce mercredi à Genève. Cette commission, mise en place en 2021, enquêtait sur les crimes et abus des droits de l’homme commis dans ce pays d’Afrique de l’Est depuis le début de la guerre dans le Tigré. Son activité s’arrêtera à la mi-octobre, faute de financements.
C’est surtout l’Union européenne que l’on attendait sur ce dossier, car c’est elle qui a lancé cette commission d’enquête en 2021. Mais elle n’a pas soumis de projet pour la renouveler dans le délai imparti. De facto, le mandat de la commission s’arrête donc.
« C’est choquant, décevant et même honteux »
Haimanot Ashenafi, de l’ONG Amnesty international à Addis-Abeba, s’en indigne : « Cela signifie qu’ils ont décidé de retirer l’Éthiopie du radar du Conseil des droits de l’homme. C’est choquant, décevant et même honteux parce que la commission a publié un rapport cette semaine signalant clairement que des crimes se poursuivent. Dans la région Amhara par exemple, où des conflits continuent entre l’armée nationale et des milices locales. »
Il poursuit : « Donc, ignorer tous ces signes, c’est un échec collectif pour l’Union européenne et tous les États membres des Nations Unies. Et c’est aussi une trahison pour toutes les victimes et les survivants qui s’en remettaient à cette commission pour enquêter et préserver des preuves de ce qui s’est passé en Éthiopie. »
La couleuvre est d’autant plus difficile à avaler pour les défenseurs des droits humains, que Bruxelles a signé le 3 octobre un document cadre de « coopération » avec Addis-Abeba. « Il est temps de normaliser […] nos relations » a alors déclaré la commissaire européenne aux Partenariats internationaux Jutta Urpilainen.