Paris espérait pouvoir voter rapidement une résolution pour donner un soutien politique et juridique à l’envoi d’une force antijihadiste de 5000 hommes au Mali, dite du G5 Sahel. C’était sans compter l’opposition des Américains et des Britanniques qui reconnaissent l’importance de lutter contre le terrorisme au Sahel, mais refusent pour l’instant de mettre la main au portefeuille. Paris a proposé un nouveau texte vendredi 9 juin, qui précise les groupes terroristes visés par cette force et reconnus par l’ONU. Les négociations continuent en coulisse. La France espère toujours un vote en début de semaine prochaine.
Avec notre correspondante à New York, Marie Bourreau
Pour une fois, les rapports de force sont inversés au Conseil de sécurité. Les Chinois, les Russes, les membres africains et européens soutiennent le texte porté par Paris. Mais ce sont les Américains et leurs alliés britanniques qui refusent le principe d’une résolution.
Argument officiel : une simple déclaration du Conseil de sécurité suffirait, selon eux, à donner un soutien politique à cette nouvelle force antiterroriste au Sahel. Officieusement, ils ne veulent surtout pas se retrouver contraints à payer pour le déploiement d’une force africaine qui viendrait soutenir la Minusma et l’opération Barkhane en se concentrant sur la lutte antiterroriste transfrontalière.
Paris savait que cette question serait épineuse dans un contexte de réduction drastique des coûts des opérations de maintien de la paix. La question a donc été contournée en demandant au secrétaire général de revenir sous 60 jours au Conseil de sécurité avec des recommandations pour un soutien des Nations unies à cette force du G5 Sahel.
Paris met aussi la pression sur ses alliés anglo-saxons en rappelant que l’Amisom, force africaine luttant contre les shebabs en Somalie, doit être renouvelée début juillet et qu’elle coûte 600 millions de dollars par an.