En Guinée, le mariage religieux de Cellou Dalein Diallo, chef de file de l’opposition avec une deuxième femme a relancé le débat. Faut-il légaliser la polygamie ? Même si elle est prohibée par la loi, la pratique est courante dans le pays, dont la population est majoritairement musulmane.
« Contre la polygamie à 10 000 %. A cause de la jalousie familiale, aucune femme ne veut voir les enfants de l’autre femme avancer », affirme une passante. « Je ne suis pas contre. Je ne suis pas, aussi, pour. Je n’encourage pas parce que je sais que ça crée assez de conflits dans les foyers, surtout pour les héritages », remarque un autre. « Pour. Pour moi, il faut plutôt légaliser les relations entre l’homme et plusieurs femmes », dit une autre femme.
Dans les rues de Conakry, sur les radios ou dans les journaux, les avis divergent. Selon l’article 315 du code civil en vigueur, la polygamie est interdite, comme l’indique le juriste Seydou Doumbouya. « [ La polygamie, NDLR ] C’est une situation qui est très, très récurrente, en Guinée, bien que prohibée par le code civil. L’an passé, il y a un projet, même, du code civil qui a été déposé à l’Assemblée. Le projet, il reste encore projet, tant qu’il n’a pas encore été adopté, on ne peut rien affirmer. Tout peut changer à la dernière seconde, sur la polygamie », assure le juriste.
Régler la question de l’accès équitable aux ressources entre les femmes et les hommes
Faut-il réajuster la loi en fonction de la norme sociale ? Ce débat est superficiel, répond le sociologue Bano Barry. « Si on ne règle pas la question de l’accès aux ressources équitable entre les hommes et les femmes, on va fabriquer des lois ; en réalité, ça va dormir dans un tiroir. Les hommes occupent tous les postes lucratifs. Vous ne pouvez pas donner tout l’argent aux hommes et après vouloir qu’il n’y ait pas de polygamie. Ce n’est pas vrai », s’insurge-t-il.
Selon l’Institut national de la statistique, près d’un mariage guinéen sur deux était polygame en 2012 (48 %)
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