Herman Andaya, le chef de l’agence de gestion des crises de l’île hawaïenne de Maui, critiqué pour ne pas avoir fait retentir les sirènes d’alarme lors de l’incendie meurtrier qui a ravagé la ville de Lahaina, a démissionné, jeudi 17 août.
« Aujourd’hui, le maire Richard Bissen a accepté la démission de l’administrateur de l’Agence chargée de la gestion des crises à Maui (MEMA), Herman Andaya », selon un communiqué du comté. « Invoquant des raisons de santé, M. Andaya a présenté sa démission qui prend effet immédiatement ». La veille, M. Andaya avait affirmé, lors d’une conférence de presse, ne pas regretter le non-déclenchement des sirènes d’alarme. « Compte tenu de la gravité de la crise à laquelle nous sommes confrontés, mon équipe et moi-même allons nommer quelqu’un à ce poste clé, le plus rapidement possible, et je suis impatient de faire cette annonce prochainement », a également déclaré M. Bissen.
Lourd bilan
Cette annonce intervient quelques jours avant la visite, lundi 21 août, du président Joe Biden, lui-même critiqué par les républicains pour sa réponse jugée insuffisante. Les survivants affirment qu’ils n’ont pas été prévenus qu’un feu se dirigeait vers Lahaina et ses 12 000 habitants. La plupart des victimes se sont retrouvées prises au piège dans leur maison ou leur voiture alors qu’elles tentaient désespérément d’échapper aux flammes dévorantes. Le bilan provisoire de ce feu qui a englouti la cité portuaire de Lahaina, ex-capitale du royaume d’Hawaï, s’élève à 111 morts. Il s’agit déjà de l’incendie le plus meurtrier depuis plus d’un siècle aux États-Unis et le bilan définitif pourrait être bien plus lourd.
Les recherches pour retrouver les corps des victimes sont lentes, ce qui alimente la colère et se traduit par une perte de confiance envers les élus et autorités. La semaine dernière, le gouverneur de l’État de Hawaï, Josh Green, a ordonné l’ouverture d’une enquête sur l’origine de ce terrifiant incendie, afin d’en tirer des enseignements. La procureure générale d’Hawaï, Anne Lopez, a annoncé jeudi la nomination prochaine d’un organisme indépendant pour mener à bien cette enquête. « Le fait qu’une tierce partie mène l’enquête garantira la responsabilité et la transparence et rassurera les habitants d’Hawaï sur le fait que tous les faits seront révélés », a-t-elle déclaré.
Une poignée de corps identifiés
Les secouristes et chiens renifleurs ont continué jeudi à fouiller la zone sinistrée. Seule une poignée de corps retrouvés à Lahaina ont été identifiés jusqu’à présent. Des experts en médecine légale, dont certains ont travaillé sur les attentats du 11-Septembre, des crashs d’avion ou des incendies majeurs, sont présents à Maui pour aider à l’identification des corps gravement brûlés.
(Avec AFP)
Les herbes envahissantes, un combustible parfait
Après l’incendie catastrophique qui a causé la mort de plus d’une centaine de personnes à Hawaï, tous les regards se tournent vers un coupable inattendu: les herbes envahissantes qui se propagent massivement sur l’archipel depuis des décennies, devenant le combustible parfait pour alimenter de telles tragédies. Résistantes à la sécheresse, capables d’envahir des terrains difficiles et de remplacer peu à peu les plantes locales, elles sont également une menace grandissante dans l’ouest des États-Unis, où les feux dévastateurs se multiplient.
« Les herbes envahissantes sont très inflammables, elles changent le paysage, elles créent des conditions favorables aux feux, et tout d’un coup, vous avez beaucoup plus d’incendies », explique à l’AFP Carla D’Antonio, chercheuse travaillant sur ces espèces depuis plus de trente ans. Au lieu de se décomposer comme d’autres plantes une fois mortes, ces herbes « restent debout pendant longtemps, aussi sèches que de la paille », décrit cette professeure à l’université de Californie à Santa Barbara. Et après un feu, elles survivent mieux que les plantes locales. La plupart de ces herbes, Cenchrus ciliaris, herbe de Guinée, herbe à mélasse, viennent d’Afrique, et ont été introduites pour servir de pâturage au bétail, sans se douter du danger qu’elles représenteraient des décennies plus tard.