Interdiction de voyager la nuit :Après la consternation, l’heure des mesures ? Dans la foulée des deux derniers accidents, qui ont fait une vingtaine de morts entre Mbour et Koussanar, le ministre des Transports terrestres annonce de larges concertations sur le secteur. Peut-être des mesures radicales comme la réglementation du transport de nuit ? En 2018, ADD l’avait annoncée. Jusqu’ici, rien n’est fait.
Arès chaque accident spectaculaire et meurtrier, le débat fait rage : le transport de nuit sera-t-il interdit ou normé ? Le 22 février 2018, Abdoulaye Daouda Diallo, ministre des Transports terrestres et du désenclavement, avait annoncé la mise en place de cette mesure, après la survenue d’un accident à Kaolack qui avait fait onze morts à cause d’une collision. L’un des véhicules était en partance pour Porokhane, dans le département de Nioro du Rip. Alors que l’autre revenait de cette cité religieuse. Comme ces derniers jours, ce drame avait particulièrement ému et atterré les Sénégalais et les autorités. C’était le 21 février 2018. En visite à Kaolack pour apporter réconfort aux blessés en observation au Centre hospitalier régional El Hadji Ibrahima Niass de Kaolack, il avait été catégorique : «Nous avons décidé dans les semaines à venir, d’interdire toutes les circulations interurbaines entre 22 heures et 6 heures. C’est une mesure qu’on va nécessairement prendre pour réduire les accidents.»
Dans le même sillage, il avait annoncé la mise en place, à partir du second semestre 2018, du permis à points afin de combattre l’indiscipline sur les routes. «Nous avons constaté qu’au-delà des difficultés (liées à la vision de nuit) et autres, se pose le comportement des conducteurs. Il y a lieu de travailler davantage pour ramener les usagers à la raison», avait souligné le ministre. «Nous souhaitons que cela s’arrête. C’est inacceptable. C’est un accident d’une gravité extrême. Les routes tuent en moyenne deux personnes par jour au Sénégal», avait annoncé ADD, qui fut ensuite ministre des Finances et du budget (2019-2022) et désormais, ministre d’Etat, directeur de Cabinet du chef de l’Etat.
Hier, Mansour Faye, son successeur aux Transports, a repris les mêmes mots pour fustiger les maux qui plombent le secteur : indiscipline et vétusté du parc. Si ADD s’était heurté au refus des routiers, ils risquent à nouveau de ruer dans les brancards. A l’époque, ils avaient publiquement manifesté leur désaccord en parlant de «mauvaise initiative», ajoutant que tous les transporteurs doivent être traités à égalité. De 2018 à maintenant, c’est le statu quo… Alors que les routes continuent à tuer : selon les chiffres, 500 personnes sont en moyenne tuées au Sénégal à cause d’un accident de la circulation. Hécatombe !