Mercredi 10 juillet, l’armée israélienne a largué des tracts par avion sur la ville de Gaza, ordonnant à tous les habitants d’évacuer immédiatement. Selon les tracts, des corridors auraient été mis en place invitant la population à rejoindre des abris dans le centre de l’enclave. « À toutes les personnes présentes dans la ville de Gaza, des corridors de sécurité vous permettent de vous rendre rapidement et sans inspection de la ville de Gaza vers des abris à Deir el-Balah et Al Zawiya », indique ce document de l’armée israélienne. « La ville de Gaza reste une zone de combats dangereuse », prévient encore le texte.
« C’est la 12ème fois (qu’on est déplacés). Combien de fois faut-il encore endurer ? Mille fois ? Où allons-nous finir ? Je n’en peux plus ! », a lancé Oum Nimr al-Jamal, qui a fui un quartier de Gaza avec sa famille, lors d’un entretien à l’AFP.
« Aucune route d’évacuation est hors de danger »
Mais à Gaza, peu croient encore à ces couloirs « sécurisés », et beaucoup estiment surtout que cette évacuation est un nouveau moyen de les forcer à quitter la zone. Le tout sans assurance de se retrouver ensuite dans une zone qui ne sera pas bombardée, rapporte notre correspondante à Ramallah, en Cisjordanie, Alice Froussard.
De son côté, le Croissant-Rouge palestinien dit avoir déjà reçu des dizaines d’appels désespérés d’habitants de la ville de Gaza. Face à l’intensité des bombardements, les équipes de secours ne peuvent pas leur venir en aide. « Ce que je sais, c’est qu’il n’y a aucun endroit sûr à Gaza, aucune route d’évacuation est hors de danger, affirme Juliette Touma, de l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), qui peine à obtenir des informations sur place. Nous l’avons vu durant toute cette guerre, même ces routes décrites comme sûres, ou ces zones qualifiées comme hors de danger par les autorités israéliennes, finalement ne l’étaient pas. »
L’ONU « consternée »
L’armée israélienne a entamé sa nouvelle offensive renforcée dans la ville de Gaza le 27 juin, en appelant les habitants du quartier est de Choujaïya à quitter les lieux. Israël a ensuite étendu en début de semaine ses appels à plusieurs quartiers du centre-ville, poussant des dizaines de milliers de personnes à fuir, d’après l’ONU.
Elle avait pourtant annoncé début janvier se concentrer désormais sur « le centre et le sud » de la bande de Gaza, après avoir « achevé le démantèlement de la structure militaire » du mouvement Hamas dans le Nord. Mardi 9 juillet, le bureau des droits de l’homme de l’ONU s’est dit « consterné » par les nouveaux appels israéliens qui encouragent « à fuir vers des secteurs où les opérations militaires de l’armée sont en cours et où des civils continuent d’être tués et blessés ».
Frappe meurtrière sur une école à Khan Younès « inacceptable » pour Paris
Cette demande d’évacuation intervient un jour après le bombardement d’une école à l’est de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, où de nombreux civils avaient trouvé refuge. En effet, dans la nuit, des tentes de déplacés dressées devant une école ont été touchées par une frappe aérienne israélienne.
Des responsables médicaux palestiniens affirment qu’au moins 29 personnes ont été tuées, principalement des femmes et des enfants. En réaction, la diplomatie française a jugé ce mercredi « inacceptable que des écoles, a fortiori abritant des populations civiles déplacées par les combats, soient ciblées » par des frappes israéliennes dans la bande de Gaza. Avec les mêmes mots, le ministère allemand des Affaires étrangères a, lui aussi, dénoncé cette frappe « inacceptable », appelant à mener rapidement une enquête sur cette attaque.
Il s’agit de la quatrième école touchée par des frappes israéliennes en l’espace de quatre jours, comme l’a rappelé le directeur de l’Unrwa Philippe Lazzarini. En tout, deux tiers des écoles de l’agence ont été prises pour cible. « Le mépris du droit international ne doit pas devenir la norme », signale-t-il sur X.
S’ajoute à cela que la situation humanitaire à Gaza ne fait qu’empirer. La plupart des blessés de la frappe sur l’école ont été transférés à l’hôpital Nasser de Khan Younès, mais l’établissement manque cruellement de moyens. Pas assez d’espace, très peu de matériel médical et une pénurie de médicaments, notamment d’anti-douleurs, ce qui fait que chaque intervention des médecins sur les patients est extrêmement douloureuse.