Kenya-Érythrée : William Ruto, le président kényan, a achevé, samedi 10 décembre, une courte visite en Érythrée. Il a rencontré le président Isaias Afwerki. Selon Asmara, l’objectif était de renforcer les relations bilatérales entre les deux pays. L’un des objectifs serait d’éliminer les visas pour leurs citoyens respectifs. William Ruto a, lui, indiqué sur Twitter souhaiter renforcer leur coopération pour « la stabilité régionale ».
Pour Kjetil Tronvoll, professeur à l’Oslo New University College, la communication officielle des deux présidents, William Ruto et Isaias Afwerki, soulève des questions. Pour le chercheur il est possible que l’agenda ait aussi porté aussi sur le suivi de l’accord de cessation des hostilités signé entre le gouvernement fédéral éthiopien et les autorités du Tigré : « Il est évoqué dans le communiqué la volonté de soutenir l’intégration régionale, de sauvegarder la paix, la sécurité et le développement dans la région. Pourtant s’il y a un perturbateur régional dans la corne de l’Afrique, c’est bien l’Érythrée. Nous savons – par ailleurs – que les Érythréens n’ont pas le droit de sortir de leur pays, alors à quoi leur servirait d’avoir des exemptions de visa pour le Kenya quand ils ont besoin d’autorisation pour quitter l’Érythrée ? »
« Politiques de façade »
« Donc, poursuit Kjetil Tronvoll, il semble que ce soient des politiques de façade et tout cela soulève une question : quels sont les objectifs cachés qui n’ont pas été communiqués ? Est-ce que cette visite n’était pas par exemple une manière pour le Kenya d’assurer un suivi de l’accord et de demander à Isaias Afwerki de retirer ses troupes du Tigré ? Car les troupes érythréennes sont toujours là, elles continuent de piller et l’armée fédérale ne les chasse pas ou disons ne va pas à l’offensive contre elles. »
En réalité, conclut le professeur à l’Oslo New University College, « il me semble possible que cette visite ait été une occasion pour Ruto d’assurer la continuité du rôle que le Kenya a assumé jusque-là, à travers Uhuru Kenyatta, qu’il avait nommé comme envoyé pour le conflit en Ethiopie ».